Prédication de saint Jean-Baptiste
Annibal Carrache est l’un des pères du paysage classique qui se développe au XVIIe siècle. Né dans une famille de peintres et d’artisans, Annibal se forme à la gravure puis étudie la peinture auprès de son cousin Ludovic et du peintre maniériste Prospero Fontana. Il part ensuite étudier l’art des grands maîtres : Corrège et le Parmesan à Parme, Tintoret, Titien et Véronèse à Venise. En 1585, en réaction au maniérisme comme au naturalisme du Caravage, il fonde avec son frère Auguste et son cousin Ludovic l’académie des Incamminati, dont la doctrine prône la recherche du « beau idéal » à travers l’étude de l’antique, des grands maîtres du passé et de la nature. Dans La Prédication de saint Jean-Baptiste, réalisé pour le cardinal Sannesio à Rome où Carrache s’est établi en 1595, le peintre parvient à unifier sujet religieux et paysage. Saint Jean-Baptiste, assis sur un rocher à l’entrée d’une caverne, prêche aux Juifs groupés autour de lui. Il tient dans sa main gauche le roseau annonçant la croix de la passion, autour duquel s’enroule un phylactère. Sa main droite, dans un geste solennel, indique le ciel. Deux hommes dans une barque sont passés d’une rive à l’autre du Jourdain, deux autres groupes de personnages arrivent de plus loin. La scène est encadrée par un grand chêne et par un rocher monumental ; leur font écho des arbres et un rocher plus petits qui, comme le cours du fleuve, guident naturellement le regard vers les lointains. L’association subtile des figures et des éléments du paysage traduit l’harmonie entre l’homme et la nature. Ajoutant à l’unité du tableau, les teintes nuancées du ciel nuageux déclinent subtilement la gamme colorée : vert et jaune des feuillages ciselés minutieusement par la lumière dorée, rouge et bleu vifs des personnages. En insérant le sujet dans un paysage de campagne romaine, Carrache s’appuie sur l’observation du réel prônée par l’académie et recompose la nature pour atteindre une perfection qui confère à la scène une résonance morale. Il jette ainsi les fondements de la peinture de paysage classique qui trouvera ses lettres de noblesse dans l’art de Poussin ou du Lorrain. Admiré dès sa réalisation, ce tableau fut acheté en 1665 par le duc de Richelieu pour Louis XIV.
Un autre regard
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Italie - XVIIe siècle
Caravagisme, baroque et classicisme sont regroupés dans ces salles, à travers une collection italienne composée de grands retables et d’œuvres aux formats plus modestes.
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