Tête d'homme vue de trois quarts dos
Ce dessin appartient au dossier génétique d’une
peinture de Federico Barocci représentant la
Nativité, aujourd’hui conservée au Museo del
Prado à Madrid. Cette peinture fut
commandée peu avant 1597 par le duc d’Urbin,
Francesco Maria II della Rovere, qui l’offrit à la
reine d’Espagne en 1604, Marguerite d’Autriche,
épouse de Philippe III. La reine plaça l’œuvre
peinte sur l’autel de sa chapelle privée. Bellori,
biographe du peintre, en donne une description
assez précise : « On voit la Vierge s’agenouillant
pour adorer le nouveau-né qui se
dresse dans une mangeoire ; pendant ce temps,
derrière, saint Joseph ouvre la porte de l’étable
aux bergers dont l’entrée dans la lumière est du
plus bel effet. » Les termes de cette courte
description permettent de comprendre que
Barocci a disposé l’invention de la Nativité de
manière fort originale. L’étable y est figurée
comme un espace fermé, alors que les dispositifs
iconographiques classiques de ce sujet
montrent d’ordinaire un lieu ouvert sur l’extérieur
et une présence effective des bergers,
assortie de théories d’anges volant dans les airs
ou se mêlant à la foule des pasteurs. De ce fait,
l’historia représentée prend l’allure d’une scène
de genre, à ceci près que Barocci respecte les
convenances, en représentant la Vierge et saint
Joseph vêtus de drapés, vêtements qui permettent
de ne pas confondre la famille de l’enfant
Jésus avec de vulgaires paysans.
Comme à son habitude, Barocci a pris soin
d’étudier minutieusement l’ordonnance du
sujet et les figures qui le composent à travers une
série de dessins. Quarante sont recensés. Toutes
les phases préparatoires ne sont pas représentées.
Manquent ainsi le carton final, les cartons auxiliaires des têtes au pastel ou à l’huile, les
cartoncini des couleurs et du clair-obscur
(réalisés à la plume et à l’encre brune, mêlée de
lavis et de gouache ou à l’huile) permettant de
servir de modèles dans l’établissement des
tonalités et des contrastes de valeurs. Une
première pensée à la plume et à l’encre brune [1],
que Barocci appelait dans son propre jargon un
scarpino (escarpin), constitue la matrice dispositionnelle
du sujet ; une étude plus poussée
graticulée [2] se rapproche de la disposition finale.
Les autres études sont des études de figures se
rapportant à la Vierge, saint Joseph, l’enfant
Jésus, aux bergers, à la vache sise à senestre dans
le tableau ; des études de mains, de bras, de têtes,
de draperies sont aussi conservées.
Le dessin de Grenoble prépare le profil perdu
de saint Joseph en train d’ouvrir la porte aux
bergers. Le cabinet des dessins des Offices
conserve un autre dessin préparatoire à cette
tête [3]. Il est réalisé dans les mêmes termes
techniques, à la pierre noire, à la sanguine et à la
craie blanche sur un type de papier similaire de
couleur bleue. Ses dimensions sont bien plus
importantes que celles du musée de Grenoble
puisqu’il mesure 40,5 x 28,2 cm. Il est cependant
à penser que ce dernier devait être à l’origine
de même format. Peut-être a-t-il été mis
en ovale afin d’éliminer les parties abîmées et
déchirées du papier d’œuvre. Quant à leur
chronologie respective exacte au sein du dossier
génétique, il semblerait que le dessin des Offices
précède celui de Grenoble. L’absence de repentirs
au niveau du profil de l’exemplaire grenoblois
pourrait accréditer cette hypothèse. Ces
dessins de têtes appartiennent à un stade de
préparation intermédiaire entre le scarpino et
le dessin de la mise en place quasi définitive de
la composition, précédant les cartoncini. Leur
caractère sommaire et schématique expliquant
qu’ils ne puissent être des cartons auxiliaires
aidant à la réalisation des motifs peints. Ce sont
tout simplement des études de têtes, sorte de
close-up graphiques, comme il existe pour la
même figure des études de sa main gauche
désignant l’Enfant Jésus aux bergers.
[1] Florence, Offices, inv. 11485 F r°
[2] Florence, Offices, inv. 11432 F
[3] Florence, Offices, inv. 11276 F
Découvrez également...
-
Buste d'empereur romain
XVIe siècle -
Jugement de Pâris
1879 -