Etude de femme avec un bras levé
Classé parmi les anonymes du XIXe siècle, ce dessin nous paraît devoir être replacé plutôt au XVIIe siècle. D’un tracé sûr et ferme, le dessin, légèrement rehaussé de craie blanche, prépare une figure mythologique ou allégorique dont le bras tendu devait porter ou soutenir un élément ici non indiqué. Nous n’avons pas identifié l’inscription portée à la plume au bas de la feuille.
La forme sculpturale de la figure, son visage parfaitement ovale et la précision linéaire qui régit la forme, nous ont conduit vers les dessinateurs de la fin du règne de Louis XIV , dans l’entourage d’artistes tels que Noël Coypel. N’ayant pas retrouvé de dessins semblables, nous avons tenté des rapprochements avec des peintures. Même si la figure n’a pu être mise en relation avec une composition peinte, son type physique est particulièrement proche de ceux de Jean-Baptiste de Champaigne auquel nous proposons ici de l’attribuer . C’est parmi les compositions décoratives de ce dernier que nous avons retrouvé les comparaisons les plus probantes pour l’attribution du dessin de Grenoble.
Né à Bruxelles et formé à Paris à partir de 1643 dans la manière de son oncle Philippe, Jean-Baptiste participe aux côtés de ce dernier à d’importants chantiers (Val-de-Grâce). Naturalisé français en 1655, il entreprend un voyage en Italie en 1658 et quatre ans après son retour, présente son morceau de réception à l’Académie. Les compositions offrant le plus d’analogie avec les dessins de Grenoble se placent dans la période qui suit. A partir de 1667, Jean-Baptiste intervient régulièrement sur les chantiers royaux, en particulier au château de Tuileries aux côtés de Noël Coypel (MG D2564
) et au château de Versailles sous la direction de Le Brun. *L’Allégorie de la Paix *[1] provenant des Tuileries, offre exactement le même type féminin que notre dessin[2] .
Malheureusement, le maigre corpus de trente-huit dessins de Jean-Baptiste n’offre pas de point de comparaison pour consolider notre attribution qui demeure donc pour l’heure une hypothèse de travail. En effet, en dehors des académies conservées à l’école des Beaux-Arts et les études de mains du musée Atger, nous ne connaissons de lui que très peu d’études de figures isolées[3] . Le graphisme très précis s’accorde parfaitement non seulement avec le style du peintre d’origine flamande mais se retrouve également dans l’œuvre de son oncle qui l’a tant influencé.
[1] Jean-Baptiste de Champaigne, Allégorie de la Paix, Budapest, musée des beaux-arts, Inv. 68.17.
[2] Provenant du même décor, citons également Thétis plongeant Achille dans le Styx, H/T, loc. inconnue ; L’Aurore chassant la nuit, Paris, musée du Louvre et Femme étendue tenant un arc, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts.
[3] Citons pour les dessins à la pierre noire, l’Étude pour un soldat romain tenant une lance (Paris, musée du Louvre, Inv. 34090), Étude de moine en prière (Louvre, RF. 54542 ) et les deux Étude d’ange (Paris, BNF, B6 rés. Fol. 21 et 22).
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