Paysage boisé

Anthonie WATERLOO
vers 1660
Plume et encre noire, lavis d'encre grise sur dessin sous-jacent à la pierre noire, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé beige
9,1 x 14,1 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548,n°1722).

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On sait peu de chose sur la vie de cet artiste, dont les peintures sont rares et qui excelle surtout comme dessinateur et graveur de paysages. Henry Havard nous apprend, documents à l’appui, que Waterloo est bien né à Lille[1]. Ses premières années semblent se dérouler en Frise. Cousin du portraitiste Wallerant Vaillant, il est, selon les registres de bourgeoisie, encore inscrit comme citoyen à Leeuwarden le 18 janvier 1653, ce qui n’est pas étonnant puisque Wallerant y est peintre de cour de Willem Friso, stadhouder de Frise.
Mais c’est à Amsterdam que Waterloo se marie le 7 avril 1640 et y baptise par la suite ses six enfants. Entre 1650 et 1653, il réalise différentes vues dessinées de la ville et voyage sur les bords du Rhin jusqu’à Clèves. Une Vue d’Augsbourg à l’Albertina indique que l’artiste pousse son périple jusqu’en Allemagne du Sud mais nous n’avons aucun autre indice sur ce séjour. Malgré une Vue du pont de Francheville et une Vue de Lyon, un voyage en France n’est pas unanimement accepté[2]. Deux dessins, conservés à Grenoble sous leur juste attribution, ont été exécutés par Waterloo durant son séjour en Allemagne du Nord vers 1660, lorsqu’il visite Hambourg, Holstein et Lüneburg avant de pousser jusqu’à Gdansk (Dantzig). L’un est un paysage, l’autre, une vue architecturale, peut-être des environs de Hambourg. Lotte et Wolf Stubbe ont réuni en 1983[3] les dessins conservés de ce voyage qui présentent, outre un enrichissement important du catalogue de l’oeuvre de Waterloo, un grand intérêt historique car ils gardent la trace de paysages et d’architectures depuis longtemps disparus. Des annotations précieuses de la main de l’artiste aident souvent à identifier les lieux.
Une trentaine de feuilles, dont dix-sept sont conservées à la Kunsthalle de Hambourg, forment un livre d’esquisses démembré auquel il convient de rattacher les deux dessins de Grenoble. Stefes a fait en 2011 le point sur ce livre d’esquisses[4]. Elle dresse la liste de cette trentaine de feuilles connues, de mêmes dimensions (9 x 15 cm), de même technique et de même style auxquelles on peut ajouter encore deux paysages, l’un à l’Amsterdam Museum et l’autre à Weimar[5]. Dans cet ensemble, on peut distinguer deux groupes de feuilles, le premier est consacré aux architectures, le second, aux paysages.
Sur un dessin sous-jacent à la pierre noire, Waterloo dessine à la plume et à l’encre noire qu’il rehausse de lavis. Il est intéressant de noter qu’il ne s’intéresse pas trop aux monuments célèbres mais que son oeil est attiré par des lieux pittoresques, des moulins à eau ou des maisons à colombages, comme le montre l’un des deux dessins de Grenoble (MG D 1797). Ces feuilles sont souvent monogrammées, ce qui laisse penser qu’elles ont été vendues séparément par l’artiste après qu’il les eut rendues plus vivantes en y intégrant des petits personnages. L’oeuvre dessiné de Waterloo est considérable car l’artiste a travaillé jusqu’à la fin de sa vie[6]. Dresser le catalogue raisonné des dessins de Waterloo est une tâche difficile en raison des similitudes entre ses oeuvres et celles d’autres artistes comme Simon de Vlieger ou Joris van der Haagen.


[1] Voir Henry Havard, II, 1880, p. 189-190.
[2] Voir pourtant les arguments de Stefes, 2011, II, sous n°1154.
[3] Lotte et Wolf Stubbe, 1983.
[4] Stefes, 2011, II, n° 1156.
[5] Klassik Stiftung Weimar, KK 5625.
[6] Voir Broos, 1984, p. 18-48.

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