Paysage boisé

On sait peu de chose sur la vie de cet artiste,
dont les peintures sont rares et qui excelle
surtout comme dessinateur et graveur de
paysages. Henry Havard nous apprend,
documents à l’appui, que Waterloo est bien
né à Lille[1]. Ses premières années semblent
se dérouler en Frise. Cousin du portraitiste
Wallerant Vaillant, il est, selon les registres de
bourgeoisie, encore inscrit comme citoyen à
Leeuwarden le 18 janvier 1653, ce qui n’est pas
étonnant puisque Wallerant y est peintre de
cour de Willem Friso, stadhouder de Frise.
Mais c’est à Amsterdam que Waterloo se marie
le 7 avril 1640 et y baptise par la suite ses six
enfants. Entre 1650 et 1653, il réalise différentes
vues dessinées de la ville et voyage sur
les bords du Rhin jusqu’à Clèves. Une Vue
d’Augsbourg à l’Albertina indique que l’artiste
pousse son périple jusqu’en Allemagne du Sud
mais nous n’avons aucun autre indice sur ce
séjour. Malgré une Vue du pont de Francheville
et une Vue de Lyon, un voyage en France
n’est pas unanimement accepté[2]. Deux dessins,
conservés à Grenoble sous leur juste attribution,
ont été exécutés par Waterloo durant son
séjour en Allemagne du Nord vers 1660, lorsqu’il
visite Hambourg, Holstein et Lüneburg
avant de pousser jusqu’à Gdansk (Dantzig).
L’un est un paysage, l’autre, une vue architecturale, peut-être des environs de Hambourg.
Lotte et Wolf Stubbe ont réuni en 1983[3] les
dessins conservés de ce voyage qui présentent,
outre un enrichissement important du catalogue
de l’oeuvre de Waterloo, un grand intérêt
historique car ils gardent la trace de paysages
et d’architectures depuis longtemps disparus.
Des annotations précieuses de la main de l’artiste
aident souvent à identifier les lieux.
Une trentaine de feuilles, dont dix-sept sont
conservées à la Kunsthalle de Hambourg, forment
un livre d’esquisses démembré auquel il
convient de rattacher les deux dessins de Grenoble.
Stefes a fait en 2011 le point sur ce livre
d’esquisses[4]. Elle dresse la liste de cette trentaine
de feuilles connues, de mêmes dimensions
(9 x 15 cm), de même technique et de
même style auxquelles on peut ajouter encore
deux paysages, l’un à l’Amsterdam Museum et
l’autre à Weimar[5]. Dans cet ensemble, on peut
distinguer deux groupes de feuilles, le premier
est consacré aux architectures, le second, aux
paysages.
Sur un dessin sous-jacent à la pierre noire,
Waterloo dessine à la plume et à l’encre noire
qu’il rehausse de lavis. Il est intéressant de noter
qu’il ne s’intéresse pas trop aux monuments
célèbres mais que son oeil est attiré par des lieux
pittoresques, des moulins à eau ou des maisons
à colombages, comme le montre l’un des deux
dessins de Grenoble (MG D 1797). Ces feuilles sont
souvent monogrammées, ce qui laisse penser
qu’elles ont été vendues séparément par l’artiste
après qu’il les eut rendues plus vivantes en y
intégrant des petits personnages.
L’oeuvre dessiné de Waterloo est considérable
car l’artiste a travaillé jusqu’à la fin de sa vie[6].
Dresser le catalogue raisonné des dessins de
Waterloo est une tâche difficile en raison des
similitudes entre ses oeuvres et celles d’autres
artistes comme Simon de Vlieger ou Joris van
der Haagen.
[1] Voir Henry Havard, II, 1880, p. 189-190.
[2] Voir pourtant les arguments de Stefes, 2011, II, sous n°1154.
[3] Lotte et Wolf Stubbe, 1983.
[4] Stefes, 2011, II, n° 1156.
[5] Klassik Stiftung Weimar, KK 5625.
[6] Voir Broos, 1984, p. 18-48.
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