Neptune et Amphitrite

Les collections de Grenoble conservent plusieurs
dessins qui reviennent à Abraham
van Diepenbeeck. Le catalogue de Steadman
(1982) cite en particulier un grand Mariage
mystique de sainte Catherine très fini, dont
l’état de conservation ne permet malheureusement
pas la présentation (MG 610 / MG D 627). Ce dessin
est mis en rapport avec une peinture de même
sujet, conservée à la Gemäldegalerie de Berlin[1]
même s’il n’y a pas de rapport formel entre les
deux oeuvres. Un second dessin est traité dans
la manière rapide que le maître utilise pour ses
gravures d’illustration (MG D 55). Cet artiste
travaille beaucoup pour les éditeurs, notamment
pour l’imprimerie Plantijn à Anvers. Il se
distingue par la création de frontispices inventifs,
destinés notamment à des livres scientifiques.
Diepenbeeck réalise aussi beaucoup de
dessins préparatoires pour des vitraux et des
tapisseries.
La feuille étudiée ici représente Neptune et
Amphitrite. Riche en couleurs, elle est peutêtre
une esquisse pour une peinture. L’oeuvre
est proche d’une Chute de Phaéton, conservée
à Francfort et préparatoire à l’une des entreprises
éditoriales les plus audacieuses du siècle,
les célèbres Tableaux du temple des muses, réalisés
en partie dans les années 1630 et publiés
en 1655[2].
Diepenbeeck fait son apprentissage chez son
père, peintre verrier installé à Bois-le-Duc.
En 1622-1623, il entre dans la guilde d’Anvers
comme spécialiste de ce genre et travaille à des
décors religieux et profanes. En 1638, il abandonne
cette spécialité pour intégrer la guilde
des peintres – ses premiers tableaux n’ont pas
été exécutés avant la fin des années 1620 – et
en devient le doyen en 1641.
L’artiste fait au moins deux voyages en France,
le premier au début des années 1630[3], durant lequel il dessine d’après les fresques de Primatice
à Fontainebleau, probablement sur l’ordre
de Rubens (voir MG D 1529). Les relations entre ce
dernier et Diepenbeeck sont complexes : ils ont
probablement collaboré à plusieurs reprises
à partir de 1625 environ. Par ailleurs, le style
pathétique et émotionnel du dernier Rubens
marque notre artiste durablement. À partir de
1660, Diepenbeeck semble avoir délaissé progressivement
la peinture pour se tourner exclusivement
vers les arts graphiques.
[1] Berlin, Gemäldegalerie, Inv. n°818.
[2] Voir Mc Allister Johnson, 1968, p. 171-190.
[3] Voir Mandrella, 2012, p. 288.
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