Paysage pittoresque

Wille s’installe à Paris en 1736 où il devient
rapidement un graveur recherché, notamment
dans le domaine du portrait. L’artiste grave
et dessine beaucoup d’après ses propres créations
et joue un rôle important comme interprète
du goût pittoresque ainsi que pour la diffusion
en France de la peinture des écoles du
Nord. Il se distingue aussi comme marchand
d’art, conseillant une clientèle internationale
dans ses achats[1].
Ami du Paris des Lumières – fort jeune, il
se lie avec son voisin Denis Diderot, encore
inconnu du public –, il forme de nombreux
élèves, issus notamment des pays germanophones.
Wille est agréé à l’Académie royale en
1755 comme graveur, reçu en 1761 et conseiller
en 1786. Il connaît de grandes difficultés
matérielles durant la Révolution, après avoir perdu sa clientèle aristocratique française et
étrangère, notamment allemande, qui n’ose
plus venir à Paris.
Ses nombreux dessins idylliques, montrant
des paysans dans la campagne devant des
ruines, datent des années 1750. Celui de Grenoble
devrait se situer à cette période. On peut
citer, parmi les oeuvres très proches, Le petit
pêcheur à la ligne, vendu à Versailles le 25 avril
1971 (n°55), signé et daté de 1759, le Paysage
avec des ruines, signé et daté de 1757 ou encore
le Paysage avec un enfant courant vers son père,
signé et vendu comme le précédent à Paris, le
29 octobre 1980 (n° 142 et 143).
Exécuté à la plume et au lavis, le dessin de
Grenoble est seulement « attribué à » car le
cercle de Wille – il a formé soixante-dix élèves
environ – travaille dans la même manière que le maître, et les confusions sont nombreuses.
Pourtant, les petites lignes sinueuses exécutées
à la plume pour figurer les montagnes et
la végétation, l’utilisation libre du lavis correspondent
bien à ce que fait Wille au début de sa
carrière et dans ses dessins des années 1750.
C’est au début des années 1760 que Wille se
détourne de plus en plus de ces paysages acadiens,
jugés trop artificiels, pour se tourner
vers le paysage réaliste, inspiré de l’art hollandais.
Il parcourt les environs de Paris pour dessiner
d’après nature, parfois accompagné de
ses élèves, choisissant souvent comme motif
des ruines réelles, l’abbaye de Saint-Maur ou le
château de Montfort-l’Amaury, par exemple.
Conservée parmi les anonymes allemands, la
feuille de Grenoble porte une inscription qui
identifie le site avec le château de Herrenberg.
Si ce château existait bien en Souabe, entre
Stuttgart et Tübingen – il n’en reste presque
plus rien aujourd’hui –, la description du site
ne correspond pas à la réalité.
[1] Voir Decultot, Espagne et Werner, 1999.
Découvrez également...
-
Chaouabti
XIIIe siècle av. J.-C. - XIe siècle av. J.-C. -
Etude d'après nature
3ème quart XIXe siècle -
Miracle de San Filippo Benizzi enfant
XVIIIe siècle