Paysage pittoresque

Johan Georg WILLE (attribué à)
circa 1750
Plume et encre noire, lavis d'encres brune et grise, aquarelle, double trait d'encadrement à la plume, à l'encre noire et à l'encre brune, répété à deux reprises, sur papier vergé beige
24 x 32,7 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Mode d'acquisition inconnu, probablement collection L. Mesnard.

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Wille s’installe à Paris en 1736 où il devient rapidement un graveur recherché, notamment dans le domaine du portrait. L’artiste grave et dessine beaucoup d’après ses propres créations et joue un rôle important comme interprète du goût pittoresque ainsi que pour la diffusion en France de la peinture des écoles du Nord. Il se distingue aussi comme marchand d’art, conseillant une clientèle internationale dans ses achats[1].
Ami du Paris des Lumières – fort jeune, il se lie avec son voisin Denis Diderot, encore inconnu du public –, il forme de nombreux élèves, issus notamment des pays germanophones. Wille est agréé à l’Académie royale en 1755 comme graveur, reçu en 1761 et conseiller en 1786. Il connaît de grandes difficultés matérielles durant la Révolution, après avoir perdu sa clientèle aristocratique française et étrangère, notamment allemande, qui n’ose plus venir à Paris.
Ses nombreux dessins idylliques, montrant des paysans dans la campagne devant des ruines, datent des années 1750. Celui de Grenoble devrait se situer à cette période. On peut citer, parmi les oeuvres très proches, Le petit pêcheur à la ligne, vendu à Versailles le 25 avril 1971 (n°55), signé et daté de 1759, le Paysage avec des ruines, signé et daté de 1757 ou encore le Paysage avec un enfant courant vers son père, signé et vendu comme le précédent à Paris, le 29 octobre 1980 (n° 142 et 143).
Exécuté à la plume et au lavis, le dessin de Grenoble est seulement « attribué à » car le cercle de Wille – il a formé soixante-dix élèves environ – travaille dans la même manière que le maître, et les confusions sont nombreuses. Pourtant, les petites lignes sinueuses exécutées à la plume pour figurer les montagnes et la végétation, l’utilisation libre du lavis correspondent bien à ce que fait Wille au début de sa carrière et dans ses dessins des années 1750. C’est au début des années 1760 que Wille se détourne de plus en plus de ces paysages acadiens, jugés trop artificiels, pour se tourner vers le paysage réaliste, inspiré de l’art hollandais. Il parcourt les environs de Paris pour dessiner d’après nature, parfois accompagné de ses élèves, choisissant souvent comme motif des ruines réelles, l’abbaye de Saint-Maur ou le château de Montfort-l’Amaury, par exemple. Conservée parmi les anonymes allemands, la feuille de Grenoble porte une inscription qui identifie le site avec le château de Herrenberg. Si ce château existait bien en Souabe, entre Stuttgart et Tübingen – il n’en reste presque plus rien aujourd’hui –, la description du site ne correspond pas à la réalité.


[1] Voir Decultot, Espagne et Werner, 1999.

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