Quadrige impérial

Fils d’un horloger, membre d’une famille d’artistes
installée à Augsbourg depuis le début
du XVIIe siècle, Rugendas apprend d’abord la
technique de la gravure auprès de son père
avant de se consacrer à la peinture. Après un
séjour à Vienne vers 1690, il est à Rome entre
1693 et 1695 et fréquente la Schilderbent, l’association
des peintres nordiques. De retour à
Augsbourg, il peint des batailles, des camps
militaires et devient l’un des directeurs de
l’académie de la Ville.
Pour répondre à la grande demande de ses
oeuvres en Europe, Rugendas ouvre, comme
Ridinger par exemple (MG D 1497 et MG D 1499), une maison
d’édition à Augsbourg. Peu de temps après
sa mort, Johann Caspar Füssli lui consacre
une monographie, parue à Zurich en 1758,
ce qui atteste son importance. On ne peut
qu’être étonné du goût qui guide Mesnard
dans ses achats. Celui-ci s’intéresse en effet à
des artistes complètement oubliés en France
dans la seconde partie du XIXe siècle. Son souci
encyclopédique se lit dans cette volonté de
présenter des dessins de « toutes » les écoles
et de toutes les époques dans sa demeure de
Grenoble.
Ce Quadrige, rangé parmi les anonymes allemands,
mérite l’attention. S’agit-il d’une étude
pour une fontaine, d’un projet pour l’orfèvrerie
destiné à un surtout de table ? S’agit-il
plutôt d’un projet de gravure ? Il est difficile
de trancher. Les selles descendent à terre,
comme si leur masse pouvait servir d’appui
aux chevaux cabrés. Rugendas représente ici
vraisemblablement l’empereur Joseph Ier et
son épouse. Toute une série de gravures de
l’époque est consacrée à des princes à cheval[1].
Il existe une certaine tradition du quadrige
dans l’art germanique comme le montre la
gravure de Matthias Merian, Ferdinand III sur
un char, datée de 1638[2].
[1] « Fürsten zu Pferde », voir Teuscher, 1998, nos 53-59.
[2] Wüthrich, 1966, no 598, repr. 371.
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