Paysage avec un homme et un enfant

Martin von MOLITOR
fin XVIIIe siècle
Pinceau et lavis d'encre brune sur papier vergé crème
12,1 x 18,1 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3559, n°1985)

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Peintre et dessinateur viennois, Martin von Molitor excelle dans l’art du paysage dessiné. Il exécute surtout des gouaches – en partie sur papier bleu – et on ne connaît que peu de tableaux de sa main. En 1779, il étudie à l’Académie des beaux-arts de Vienne auprès du paysagiste Johann Christian Brand. En 1784, il devient membre de l’Académie mais refuse par la suite d’y enseigner pour se consacrer entièrement à son oeuvre. En 1803, le comptoir viennois pour l’art et l’industrie lui paie un séjour au Tyrol et il entreprend ce voyage avec son élève Jacob Gauermann. L’Österreichische Galerie conserve un curieux tableau de sa main, montrant une forge dans une vallée du Tyrol (Inv. 9694).
Le paysage idéal occupe une place de choix dans son oeuvre. Dans le dessin présenté ici, cette idéalisation du site se traduit par une atmosphère douce et harmonieuse et un enchaînement progressif des plans. Pourtant, Molitor travaille à une époque où le paysage naturel prend de plus en plus d’importance, comme le montrent ses nombreux dessins d’après nature, à la mine de plomb ou à l’aquarelle.
Depuis l’enseignement de Weirotter à l’Académie de Vienne, dès 1767, les élèves sortent avec leurs professeurs dans la nature pour y faire des études[1]. Molitor tente donc dans ses dessins finis cette synthèse entre le paysage idéal et les éléments naturels inspirés des sites autrichiens. L’oeuvre idyllique et pittoresque exposée ici illustre bien cette tentative de lier étroitement les deux traditions opposées. Cette feuille délicate a appartenu à Adolf von Heydeck, dit Poussin-Heydeck, un collectionneur allemand. Son admiration pour le paysage classique du XVIIe siècle, et en particulier les oeuvres de Gaspard Dughet dont il possédait une grande collection, explique son surnom. Le paysage de Molitor montre que le collectionneur était donc aussi sensible à l’évolution du paysage classique à la fin du XVIIIe siècle.


[1] Voir MG D 1507 et voir Weinkopf, 1783, p. 95, note 22, et Ekelhart-Reinwetter, 1986, p. 38.

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