Tête d'homme barbu

Albrecht DÜRER (imitation de)
fin XVIe siècle
Pierre noire, rehauts de gouache blanche, trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire sur papier vergé crème lavé en bleu
8 x 6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins encadrés, n°27)

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Ce petit dessin est une imitation des études de têtes d’Albrecht Dürer, peut-être une variante libre d’après son saint Pierre, représenté sur l’un des deux volets des Quatre apôtres de 1526[1]. L’auteur de cette feuille a donné un aspect plus sombre au visage de l’apôtre, qui incarne le caractère flegmatique selon Erwin Panofsky. Ce dessin est caractéristique de la « Renaissance de Dürer », terme qui désigne le culte que l’on voue à l’artiste à la fin du XVIe siècle. Cette admiration et cette vénération pour Dürer connaissent leur apogée à Prague, dans l’entourage de Rodolphe II. Certains artistes, comme Hans Hofmann, le copient à la perfection. D’autres artistes européens tentent pareillement d’imiter son style, par exemple Hendrick dans sa gravure illustrant la Circoncision de 1594.
Nous situons le dessin de Grenoble vers 1600. Son écriture peu systématique est trop confuse pour être de Dürer ou de l’un de ses élèves. Dürer utilise en effet la pointe de métal avec plus de maîtrise et d’une manière plus graphique, comme le révèlent bien les têtes barbues connues de l’artiste, par exemple la Tête de Saint-Pierre de 1526, conservée au musée Bonnat de Bayonne. Le fait que la tête soit isolée, sans indication, même sommaire, du buste et des vêtements, tranche en faveur d’un imitateur.
La collection de Grenoble conserve un autre dessin d’après Dürer (MG 224). Intitulé Têtes de Marie et Joseph, il a été donné par un certain citoyen Bovier en 1799 et figure donc parmi les premières feuilles entrées dans le cabinet d’art graphique. L’iconographie en est étrange, Marie et Joseph sont en effet peu représentés de cette manière. Dans une peinture sur bois de Dürer, datée de 1509 et conservée au musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam, le couple encadre l’Enfant Jésus qui est absent à Grenoble [2]. Connu depuis la fin du XIXe siècle, ce dessin a été très tôt exclu du catalogue des oeuvres authentiques de l’artiste. Déjà le monumental recueil de ses dessins, rédigé par Friedrich Lippmann[3] et comprenant neuf cent treize numéros, n’en faisait aucune mention. Ces deux oeuvres, ainsi que le dessin n°[MG D 1465]({shareBaseUrl} shareSingleWorkPrefix}60000000008667) , représentent bien les efforts du musée pour présenter quelques dessins de la Renaissance allemande, tant prisés mais déjà très chers au XIXe siècle, en raison de l’intérêt des musées allemands et des collectionneurs privés.


[1] Munich, Alte Pinakothek, Inv. n°545.
[2] Rotterdam, Musée Boijmans Van Beuningen, Inv. 2447.
[3] Le dernier volume est publié en 1929.

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