La Fuite en Egypte

Le musée de Grenoble possède un ensemble de sept dessins de François Verdier auquel s’ajoutent désormais les six dessins de l’Histoire de Joseph, récemment entrés par donation (MG 2011-3-1 à 6
). Cette collection est remarquable par sa variété et permet de bien comprendre les différentes facettes de cet important dessinateur, actif durant les dernières décennies du règne de Louis XIV. Par son bel état de conservation, La Fuite en Égypte est l’œuvre qui permet la meilleure appréciation de la vivacité des talents graphiques de Verdier. Le sujet y est traité de manière compacte mais largement animé par des rehauts de blancs.
La Fuite en Égypte est un thème que François Verdier traite à de nombreuses reprises aussi bien en dessin qu’en peinture. Nous en connaissons aujourd’hui deux versions peintes qui présentent chacune des éléments d’analogies avec notre dessin sans lui correspondre totalement. Le premier tableau conservé à Orléans (musée des beaux-arts, Inv. 845) reprend l’idée de l’ange suspendu au-dessus du groupe mais présente les figures de façon plus aérée. La seconde peinture (collection privée) montre un groupe plus resserré avec des variations dans les poses telle celle de saint Joseph, montré de dos. Les points communs entre toutes ces versions est l'aspect massif des personnages et la clarté de lecture ainsi obtenue par le peintre. Il est difficile de porter un jugement sur la nature de notre dessin tant Verdier a pour habitude de réutiliser ses compositions peintes dans ses dessins autonomes. Il est donc difficile de savoir si le dessin a été réalisé avant ou après les peintures. La composition a également été reprise par Verdier dans un dessin aujourd’hui conservé à l’Albertina (Inv. 11803) . La reprise assez systématique des compositions et l’existence de plusieurs versions d’un même dessin s’expliquent souvent par l’utilisation commerciale que Verdier faisait de ses œuvres dans les dernières décennies de sa vie.
L’œuvre permet également de souligner les sources d’influence de Verdier qui, parallèlement à son grand modèle Le Brun, a également observé ici la Fuite en Égypte de Nicolas Poussin (Paris, musée du Louvre, en dépôt au musée des beaux-arts de Lyon, RF 2007) . A l’œuvre de ce dernier, il emprunte l’idée de la figure sculpturale de l’ange suspendue dans les airs. Il lui confère toutefois un aspect plus décoratif par une position un peu plus souple et des jeux d’ombre et de lumière que permettent les rehauts de craie blanche. L’image est, comme les autres dessins de Verdier, à mi-chemin entre un dessin autonome et une esquisse. La comparaison avec les versions peintes met en lumière une approche assez particulière dans le dessin qui consiste à plaire à des amateurs.
Découvrez également...
-
Dague dans le goût troubadour et fourreau
fin XIXe siècle -
-
La Tour sans Venin. Environ de Grenoble
vers 1843