Combat de cavalerie

Joseph PARROCEL
XVIIe siècle
Plume et encre brune, lavis gris, gouache et vernis sur papier vergé chamois
13,7 x 12,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3560, n°367).

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Joseph Parrocel est né dans le sud de la France, à Brignoles (Var), où s’était installée sa famille. Il n’y demeura cependant que peu de temps. Ses biographes du XVIIIe siècle, qui restent notre principale source pour la connaissance historique avant sa réception à l’Académie royale, mentionnent un voyage de plusieurs années en Italie. On peut situer ce périple entre la fin des années 1660 et le milieu des années 1670. Il s’installa à Rome puis à Venise. Ce voyage se révéla crucial dans la formation de son art : il y découvrit sa vocation, la peinture de bataille, et son esthétique, la picturalité vénitiano-génoise. De retour en France, il gagna rapidement la capitale, s’y maria, avant d’être reçu à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture en 1676. Bénéficiant de l’appui de Louvois, il travailla sur plusieurs chantiers royaux. À l’hôtel des Invalides, il peignit en 1678-1680 un cycle de peintures murales monumentales sur la fin de la guerre de Hollande . Au château de Versailles, il réalisa entre 1685 et 1688 un grand dessus de cheminée pour la salle des gardes de l’appartement intérieur du roi et surtout une belle série de toiles pour la pièce suivante, la salle du Grand Couvert, onze compositions à l’exécution très libre, sur des sujets de guerre à l’iconographie un peu intemporelle. À la fin de sa carrière, il peignit pour le château de Marly un Passage du Rhin, aujourd’hui conservé au musée du Louvre.
Le dessin du musée de Grenoble représente une scène de bataille. Sur le devant de la composition, deux chevaux, sans leur cavalier, sont tombés au sol. Derrière, on devine un affrontement entre soldats et des coups de feu échangés. La vue sur la zone de combat n’est que parcellaire. Le dessin plonge le spectateur au cœur de l’affrontement. La composition est confuse, l’action peu compréhensible ; tout se passe comme si l’auteur du dessin avait voulu rendre compte de la nature fondamentalement indescriptible, et pour ainsi dire incompréhensible, de l’action militaire à l’échelle du fantassin ou du cavalier. C’est en quelque sorte le « syndrome del Dongo », décrit par Stendhal, de tout soldat plongé dans le chaos de la guerre . Optant pour un parti pris à l’opposé d’une description historique d’un Van der Meulen ou d’un Le Brun, ce dessin interroge à l’évidence les possibilités de représentation d’une bataille.
La feuille nous a posé bien des difficultés d’attribution. Dans l’objectif de former le corpus le plus solide possible au sein de la nébuleuse des dessins à sujet militaire attribués à Joseph Parrocel, nous avions écarté dans un premier temps cette feuille de son œuvre. L’usage de la gouache polychrome, l’absence de technique sèche comme la sanguine ou la pierre noire, la réduction du nombre des figures, l’absence de paysage et le dessin un peu stéréotypé du cheval qui nous fait face avaient introduit le doute dans notre esprit. La comparaison avec un éventail aujourd’hui plus large de dessins et de peintures incite à reconsidérer l’attribution. Plusieurs éléments comme la liberté de la touche, les profils anguleux des combattants, plaident finalement en faveur d’un dessin original de Joseph Parrocel.

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