Etude pour un Amour jouant avec un aigle

Charles-Joseph NATOIRE
XVIIIe siècle
Sanguine, traces de rehauts de craie blanche sur papier vergé ocre insolé
18,1 x 27,6 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus (probablement collection L. Mesnard).

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Connu depuis sa publication par Boyer en 1949, et reproduit pour la première fois en 1977, ce dessin peut désormais être rattaché à une composition peinte de Natoire représentant L’Enlèvement d’Europe et conservée aujourd’hui au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (Inv.5810). Ce tableau, exécuté en 1731, pour le château de La Chapelle-Godefroy-en-Champagne, faisait partie d’une suite de neuf sujets mythologiques, commandée par le contrôleur des Finances Philibert Orry.
Le tracé léger à la sanguine, le graphisme rapide aux lignes discontinues sont caractéristiques des très nombreux dessins de l’artiste dans cette technique. Comme le souligne Susanna Caviglia-Brunel (2012), l’œuvre mêle à la fois un trait libre et léger, particulièrement sensible dans la figure de l’enfant, et un trait plus précis et plus appuyé dans celle de l’aigle. Cette technique est fréquente dans l’œuvre graphique de Natoire. Daté comme le tableau de l’Ermitage, vers 1731 par Caviglia-Brunel, le dessin s’inscrit parmi les premières réalisations de Natoire à Paris. A cette date, le peintre, formé par François Lemoyne, vient tout juste de rentrer de son séjour à l’Académie de France à Rome (1723-1730). Fort d’une réputation acquise en Italie et bénéficiant de la protection de Lemoyne, Natoire devient rapidement l’un des artistes les plus recherchés pour ses décorations mythologiques, animées de couleurs claires et brossées d’une touche légère.
La souplesse des figures serpentines par lesquelles Natoire saura si bien marier la mythologie et le décoratif, dont témoigne ici le dessin, annonce l’un des grands chefs d’œuvres à venir, le cycle de Psyché de l’hôtel de Soubise (1737-1739), dont l’exécution débute quelques années plus tard[1] .


[1] Entre 1735 et 1738, toujours pour le château de La Chapelle-Goddefroy, Natoire exécute un cycle illustrant L’Histoire de Clovis (toiles au musée des beaux-arts de Troyes). Signalons l’existence d’une feuille inédite (MG D 1655), retrouvée dans les boîtes « vrac », qui reproduit, presque trait pour trait, et en sens inverse, le dessin définitif pour Clovis, couronné par la Victoire, fait fleurir la Religion (Louvre, Inv. 31405). De qualité insuffisante pour être considéré comme original, ce dessin, dont la fonction demeure mystérieuse, l'est d’autant plus que nous ne connaissons aucune gravure d’après ce cycle.

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