Homère mendiant
Élève de Gleyre et de Gérôme, Lecomte du Nouÿ incarne magistralement l’art académique, érudit et brillant, qui fleurit au Salon dans la seconde moitié du XIXe siècle, à l’heure où les mouvements d’avant-garde comme l’impressionnisme révolutionnent la peinture. Si ses scènes orientalistes, chefs arabes endormis dans les vapeurs d’un narghilé ou harems peuplés de beautés nues et lascives, puisent leur inspiration de son voyage en Égypte en 1872, ses peintures d’histoire appartiennent au courant « néo-grec », nourri de la leçon de ses maîtres Gleyre et Gérôme et de l’enseignement de l’archéologie à l’école des beaux-arts de Paris. Le triptyque d’Homère mendiant, présenté au Salon de 1882, illustre parfaitement cette tendance mêlant précision archéologique et réalisme quasi photographique de la touche. On y voit Homère sous les traits d’un vieillard aveugle, accompagné d’un enfant qui le guide aux portes d’Athènes. On reconnaît au loin l’Acropole, le Parthénon et le temple d’Athéna Niké. Le visage d’Homère, étudié minutieusement dans un dessin préparatoire, emprunte sa physionomie à un buste du Louvre, une copie romaine d’une très célèbre sculpture grecque. De part et d’autre du tableau central, l’artiste a choisi d’illustrer L’Odyssée, à gauche, et L’Iliade, à droite. Pénélope, le visage voilé, tient dans ses bras le portrait d’Ulysse. À ses pieds, la quenouille évoque la fameuse tapisserie qu’elle tisse le jour pour mieux la défaire la nuit. Quant au chien, il est ici symbole de fidélité conjugale. La partie réservée à L’Iliade montre le cadavre d’Hector, étendu sur les marches du trône de Troie. La déesse de la Vengeance Némésis brandit une torche et des flèches. Le cadre ornemental, structuré comme une architecture grecque avec ses deux colonnes doriques, partage le récit en trois tableaux distincts tout en assurant une unité à l’ensemble. Donnée par l’artiste au musée en 1891, cette peinture était considérée par son auteur comme l’une de ses œuvres maîtresses.
Un autre regard
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La peinture d'histoire au XIXe siècle
Le XIXe est le siècle des paradoxes où se côtoient les tendances les plus novatrices et les retours permanents vers les formes du passé, où s’exprime la nostalgie de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance parfois de manière réaliste, précise et appliquée.
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