Deux figures d'hommes nus, l'une en pied, l'autre allongée vue en raccourci

Giuseppe CESARI dit IL CAVALIER D'ARPINO
XVIIe siècle
Sanguine, trait d'encadrement rapporté à la plume et à l'encre brune sur papier crème filigrané
43,5 x 29,7 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°151).

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L’attribution traditionnelle de cette feuille au Cavaliere d’Arpino a été confirmée par Herwarth Röttgen. Ne pouvant être mise en rapport avec une composition connue de l’artiste, il est difficile de donner avec précision le sujet illustré dans ce dessin. Néanmoins, malgré la monumentalité qui se dégage de la feuille, il n’est pas exclu que ces deux hommes nus puissent être préparatoires à des figures inclues dans une scène de plus grande ampleur. Les caractéristiques stylistiques permettent de penser que l’artiste esquissa la feuille à la fin du XVIe siècle, période qui correspond au décor du Salone du Palazzo dei Conservatori de Rome. En effet, dans la fresque illustrant la Bataille de Tullus Hostillus contre les Véiens et les Fidénates, clairement dérivée de la Bataille de Constantin de Giulio Romano aux Stanze vaticanes, se trouvent de nombreux groupes d’hommes en lutte, mais le dessin de Grenoble ne peut être rapproché de figures précises. Il aurait bien sûr pu s’agir d’une première pensée pour un groupe abandonné par la suite, mais cela reste peu probable, étant donné que, comme chez Giulio Romano, l’essentiel des figures était composé de cavaliers luttant contre des fantassins. De façon plus plausible, le dessin pourrait être compris comme une première pensée pour les deux petites figures de Caïn et Abel, insérées dans l’un des compartiments de la voûte de la sacristie de la chartreuse de San Martino à Naples, mais cela ne reste que du domaine de la supposition. Il ne faut pas non plus exclure que la feuille soit en rapport avec des lunettes illustrant les Travaux d’Hercule de la loggia de Corradino Orsini peinte par Cesari au Palazzo del Pio Sodalizio dei Picini à Rome vers 1594-1595, dont certains dessins préparatoires sont proches stylistiquement de la feuille de Grenoble.
Le dessin témoigne de l’intérêt porté par le Cavaliere d’Arpino pour l’anatomie. En cela, il est comparable à une autre feuille conservée dans une collection particulière new-yorkaise représentant un Ange en vol, préparatoire à la fresque de l’Ascension peinte par Cesari en 1599-1600 dans la chapelle du Saint-Sacrement à la Basilique romaine de Saint-Jean-de- Latran, ainsi qu’à une autre, conservée au Kupferstichkabinett de Bâle, étudiant une figure masculine nue très proche dans son attitude, à ceci près que celle-ci est représentée en train de dormir à l’image du Faune Barberini. Ces trois dessins comptent parmi les feuilles les plus impressionnantes de l’artiste ; elles reflètent une admiration pour l’art de Michel-Ange, référence tant formelle qu’intellectuelle pour un grand nombre d’artistes tout au long du XVIe siècle. L’intérêt porté pour Michel-Ange par le Cavaliere d’Arpino se traduit dans une œuvre remarquable, le Saint Michel combattant les anges rebelles, peinte en plusieurs exemplaires, précisément vers 1592- 1595, date probable du dessin de Grenoble. Les deux figures d’hommes nus du dessin et le tableau du Saint Michel présentent la même source d’inspiration évidente : le Jugement dernier de la chapelle Sixtine.

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