Homme assis

Cornelis DUSART
2ème moitié XVIIe siècle
Pierre noire, sanguine, traces de rehauts de craie blanche, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé bleu
19,7 x 11,3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1940).

Voir sur navigart

Conservée sous une paradoxale attribution à Martin van Valckenborch (1535-1612), le père d’une illustre famille flamande de paysagistes et de petites scènes historiques, exilée en Allemagne, la feuille revient en fait à Cornelis Dusart. Ce peintre, dessinateur et graveur, adopte la manière de son maître Adriaen van Ostade (MG D 737). Il s’agit ainsi de la seconde feuille de l’artiste à Grenoble. La pose insolite de l’homme, regardant son poing qui enferme peut-être un petit verre d’alcool, fait partie de ces nombreuses études d’instantanés de Dusart qui mériteront un jour de faire le sujet d’une exposition. On les trouve, souvent en grande quantité, dans toutes les collections d’art graphique du monde.
Ce n’est pas uniquement la finesse des traits qui rapproche les dessins de Cornelis Dusart de ceux de Cornelis Bega, mais aussi la technique utilisée par ces deux artistes. La pierre noire et la sanguine et/ou la craie blanche se retrouvent chez l’un et l’autre. Dusart a pleinement exploité l’immense fonds de dessins qu’il avait acquis avec l’atelier d’Adriaen van Ostade (MG D 744).
Dans les Pays-Bas du XVIIIe siècle, les suiveurs des Van Ostade et de leurs élèves jouissent toujours d’une grande popularité, comme le prouvent de nombreuses feuilles de la collection de Grenoble. Entrées sous les noms d’Ostade et Dusart, elles reviennent en fait à des suiveurs : La Partie de cartes interrompue, attribuée à Dusart (MG D 678), est sans doute de la main d’Anna de Frey, si on la compare avec un dessin de cette dernière au département des gravures et dessins de la bibliothèque royale de Windsor[1] et la Discussion entre paysans (MG D 1705 ro et vo) est probablement de Christina Chalon[2].
L’importance des dessins de Dusart sur l’art français du XVIIIe siècle, en particulier ceux exécutés aux trois crayons, n’est pas à négliger, comme le montrent certaines feuilles de Watteau ou encore des études plus tardives. Néanmoins, on ne peut réduire l’oeuvre de l’artiste hollandais à ces études de figures et on trouve aussi dans sa production de nombreux groupes de paysans dans des intérieurs, des tabagies ou encore des scènes de carnaval. Outre Ostade, Dusart reçoit l’influence de Jan Steen, grand maître de scènes drôles et comiques, qui vit dans les années 1660 à Haarlem[3]. Ainsi, l’humour n’est pas absent dans ces beaux dessins de Dusart, qui montrent des hommes assis dans des positions très variées, parfois proches du comique. Certaines feuilles sont révélatrices de toute la complexité propre aux études d’après nature, qu’on qualifie parfois trop rapidement dans la littérature ancienne comme « observées sur le vif » : l’apparition du même modèle sur plusieurs dessins révèle notamment que l’idée d’une exécution d’après nature doit être maniée avec la plus grande précaution et que ces études dérivent plutôt de séances de pose[4].


[1] Voir White et Crawley, 1994, n°584.
[2] Voir cat. exp. Moscou, 2010, n°108.
[3] Voir Trautscholdt, 1966, p. 180-189.
[4] Voir cat. exp. New York, Fort Worth, Cleveland, 1990-1991, n°32, repr.

Découvrez également...