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La collection de Grenoble est riche en oeuvres d’Herman Saftleven. Cinq dessins ont été montrés en 1977 et répertoriés dans le catalogue raisonné de Wolfgang Schulz paru en 1982. On peut y ajouter une Vue de racine (MG D 1815), un magnifique Lac de montagne monogrammé (MG D 802), un Paysage (MG D 1517), et cette feuille recto-verso. Grenoble conserve ainsi neuf dessins, sûrs, de lui, ainsi que quelques feuilles plus douteuses, comme une Barque sur une rivière au pied d’une montagne (MG D 702). Aucun artiste nordique n’est aussi abondamment représenté dans la collection.
Cette manière de collectionner de Mesnard, par achat de lots entiers, n’a rien d’exceptionnel pour le XIXe siècle. Le cabinet d’Arts graphiques du musée de Besançon est, de la même manière, en grande partie constitué grâce à la générosité du collectionneur Jean Gigoux (1806-1894) et on y trouve comme à Grenoble des séries entières de dessins hollandais, artiste par artiste.
Cette feuille et la MG D 1517 se complètent bien : le premier dessin offre une vue réaliste d’une embarcation alors que le second adopte un caractère plus fantasmagorique. Les dimensions de la feuille et sa technique à la pierre noire, rehaussée d’aquarelle, le placent parmi les dessins que Schulz appelle les « fantaisies du Rhin » (Rheinphantasien), datant tous de 1677, à la fin de la vie de l’artiste^[1].
Le site insolite du château accessible par une passerelle au bois, le halage de la barque sont des éléments typiquement rhénans, mais la composition de l’ensemble est extravagante. Les couleurs chatoyantes, le clair-obscur prononcé peuvent surprendre mais sont tout à fait caractéristiques du style de Saftleven à la fin de sa carrière.

^[1] Schulz, 1982, p. 95.