Vache dans un pré
Appelé le « Petit Paulus Potter », Dasveldt est
un élève de Hendrik Stokvisch (MG D 1676) et
incarne parfaitement le sentiment de nostalgie
envers le Siècle d’or qui domine la peinture
hollandaise du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Les artistes tentent en effet d’imiter les compositions
de Jan van Goyen, de Jacob van Ruisdael,
d’Aert van der Neer ou encore de Rembrandt.
Ce regard tourné vers le passé perdure
jusqu’à l’émergence de l’école de La Haye au
milieu du XIXe siècle.
Dasveldt représente surtout des paysages
peuplés d’animaux. Aussi ses nombreux dessins
montrent des études de chèvres, vaches,
chevaux et chiens. L’Albertina de Vienne et
le musée Teylers de Haarlem conservent plusieurs
feuilles de sa main. Son oeuvre gravé a
été catalogué par Andresen[1].
Comme son surnom l’indique, et comme le
dessin de Grenoble en témoigne, Dasveldt a la
volonté d’imiter la manière de Paulus Potter.
Ce sont sans doute les prix excessivement élevés
atteints par les dessins de ce fameux peintre
animalier du XVIIe siècle qui encouragent Dasveldt
à travailler dans le même genre. Paulus
Potter occupe en effet une place de choix
dans l’art hollandais et son Jeune taureau est
une des oeuvres des plus admirées. Le fameux
Porcher de Potter, conservé aujourd’hui au musée Condé de Chantilly, est l’un des dessins
les plus chers du XIXe siècle, atteignant un prix
record lors de la vente Goll van Franckenstein,
le 1er juillet 1833 à Amsterdam.
Dasveldt imite ici la manière « naturelle » de
Paulus Potter par son maniement rapide et
sûr de la pierre noire. Pourtant, comme tout
imitateur tardif des artistes du Siècle d’or, y
compris ceux des autres pays européens, il ne
parvient pas à atteindre cette luminosité, cette
transparence qui est un des grands mystères
de l’art des paysagistes hollandais (et peintres
animaliers) du XVIIe siècle. Selon le goût de
son époque, Dasveldt s’efforce de réaliser une
petite image finie et soignée, veillant particulièrement
au rendu des ombres portées. Le
dessin, destiné à la vente, est monogrammé
« ID » et se trouve ainsi facilement attribuable
grâce au dictionnaire de Wurzbach, qui a le
grand mérite de recenser les signatures des
artistes néerlandais[2].
D’autres artistes animaliers hollandais et flamands
de cette période tardive sont bien
représentés à Grenoble comme Legillon,
Ommeganck, De Ryck (MG D 760) ou encore
Kobell (MG 669).
[1] Andresen, 1870, I, p. 327 et suiv.
[2] Wurzbach, 1906, I, p. 382.
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