Paysage avec des voyageurs

Joris van der Haagen s’installe à La Haye dès
1640 et entre dans la guilde de Saint-Luc en 1643. En 1656, il figure parmi les fondateurs
de la Confrerie Pictura, réunissant les artistes
les plus importants de ce centre politique des
Pays-Bas et proposant un enseignement académique.
Les oeuvres les plus appréciées de
cet artiste, surtout connu pour ses paysages,
sont de vastes vues panoramiques et topographiques
de nombreuses régions hollandaises.
À l’arrière-plan de ses compositions, on aperçoit
les principales villes du pays comme Amsterdam,
La Haye ou encore Arnhem. Van der
Haagen travaille également dans le Limbourg,
sur le Rhin inférieur, dessinant de cette région
de vastes panoramas topographiques analogues
à ses peintures, animés de voyageurs, de
promeneurs et de paysans[1].
Dessinateur subtil, usant avec dextérité de la
pierre noire et du lavis gris, il conçoit souvent
ses paysages avec un premier plan boisé et sauvage
qui s’ouvre sur une plaine aux champs
cultivés et bien entretenus[2]. Plusieurs dessins
de sa main sont consacrés à des représentations de forêts denses, avec des voyageurs et
des animaux. Il se sert souvent de grandes
feuilles de papier bleu et c’est surtout l’aspect
pittoresque qui domine dans ses compositions.
Pour créer de la luminosité, il joue très
habilement sur le ton du papier et atteint ainsi
une transparence et des effets atmosphériques
remarquables. Il a cette manière en commun
avec Simon de Vlieger et Anthonie Waterloo,
de sorte que ses oeuvres se confondent facilement
avec les leurs.
Jusqu’à la fin de sa vie, Van der Haagen continue
à dessiner ses vues panoramiques forestières,
comme en atteste un dessin monogrammé
et daté de 1669, conservé à Francfort,
au Städelsches Kunstinstitut (Inv. no 810). Il
semble que plusieurs de ses dessins s’inspirent
de la vaste forêt qui entoure La Haye et des
sites solitaires comme les dunes autour de
Scheveningen. Ici, Van der Haagen paraît avoir
plutôt voulu réaliser un paysage inspiré de la
région de Benheim, à la frontière entre la Hollande
et l’Allemagne.
Autrefois attribué à Jan Both ou Anthonie
Waterloo, ce dessin présente des rochers envahis
d’arbustes pittoresques entre lesquels on
distingue des promeneurs. Pour que la composition
n’étouffe pas, l’arrière-plan s’ouvre toujours
sur une plaine lointaine. À Amsterdam,
chez Sotheby’s, s’est vendu le 26 novembre
1984 (n° 62) un paysage proche de celui de
Grenoble. Les sites boisés et rocheux
ont aussi inspiré l’artiste pour la réalisation
de quelques tableaux. Une composition de
ce genre s’est vendue à Milan en 1972[3] et une
autre est conservée au Statens Museum for
Kunst à Copenhague[4].
[1] Vue de Clèves, musée des beaux-arts de Besançon, et Vue de La Roche-Guyon, Louvre, département des Arts graphiques, Inv. n° 22626.
[2] Voir son Paysage panoramique, exécuté à la pierre noire et au lavis gris, conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans, Inv. n° 1838.
[3] Milan (Finarte), le 18 avril 1972 (n° 37).
[4] Catalogue du musée de Copenhague, 1952, n° 282.
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