Paysage avec des voyageurs

Joris VAN DER HAAGEN
2ème moitié XVIIe siècle
Pierre noire, lavis d'encre grise, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé bleu
38,7 x 50,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (Lot 3548, n°1731)

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Joris van der Haagen s’installe à La Haye dès 1640 et entre dans la guilde de Saint-Luc en 1643. En 1656, il figure parmi les fondateurs de la Confrerie Pictura, réunissant les artistes les plus importants de ce centre politique des Pays-Bas et proposant un enseignement académique. Les oeuvres les plus appréciées de cet artiste, surtout connu pour ses paysages, sont de vastes vues panoramiques et topographiques de nombreuses régions hollandaises. À l’arrière-plan de ses compositions, on aperçoit les principales villes du pays comme Amsterdam, La Haye ou encore Arnhem. Van der Haagen travaille également dans le Limbourg, sur le Rhin inférieur, dessinant de cette région de vastes panoramas topographiques analogues à ses peintures, animés de voyageurs, de promeneurs et de paysans[1].
Dessinateur subtil, usant avec dextérité de la pierre noire et du lavis gris, il conçoit souvent ses paysages avec un premier plan boisé et sauvage qui s’ouvre sur une plaine aux champs cultivés et bien entretenus[2]. Plusieurs dessins de sa main sont consacrés à des représentations de forêts denses, avec des voyageurs et des animaux. Il se sert souvent de grandes feuilles de papier bleu et c’est surtout l’aspect pittoresque qui domine dans ses compositions. Pour créer de la luminosité, il joue très habilement sur le ton du papier et atteint ainsi une transparence et des effets atmosphériques remarquables. Il a cette manière en commun avec Simon de Vlieger et Anthonie Waterloo, de sorte que ses oeuvres se confondent facilement avec les leurs.
Jusqu’à la fin de sa vie, Van der Haagen continue à dessiner ses vues panoramiques forestières, comme en atteste un dessin monogrammé et daté de 1669, conservé à Francfort, au Städelsches Kunstinstitut (Inv. no 810). Il semble que plusieurs de ses dessins s’inspirent de la vaste forêt qui entoure La Haye et des sites solitaires comme les dunes autour de Scheveningen. Ici, Van der Haagen paraît avoir plutôt voulu réaliser un paysage inspiré de la région de Benheim, à la frontière entre la Hollande et l’Allemagne.
Autrefois attribué à Jan Both ou Anthonie Waterloo, ce dessin présente des rochers envahis d’arbustes pittoresques entre lesquels on distingue des promeneurs. Pour que la composition n’étouffe pas, l’arrière-plan s’ouvre toujours sur une plaine lointaine. À Amsterdam, chez Sotheby’s, s’est vendu le 26 novembre 1984 (n° 62) un paysage proche de celui de Grenoble. Les sites boisés et rocheux ont aussi inspiré l’artiste pour la réalisation de quelques tableaux. Une composition de ce genre s’est vendue à Milan en 1972[3] et une autre est conservée au Statens Museum for Kunst à Copenhague[4].


[1] Vue de Clèves, musée des beaux-arts de Besançon, et Vue de La Roche-Guyon, Louvre, département des Arts graphiques, Inv. n° 22626.
[2] Voir son Paysage panoramique, exécuté à la pierre noire et au lavis gris, conservé au musée des Beaux-Arts d’Orléans, Inv. n° 1838.
[3] Milan (Finarte), le 18 avril 1972 (n° 37).
[4] Catalogue du musée de Copenhague, 1952, n° 282.

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