Ruines dans un paysage

Jan Baptist WEENIX
XVIIe siècle
Sanguine sur papier vergé beige
18,6 x 30,9 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus, probablement collection L. Mesnard.

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Fils d’un architecte, Jan Baptist Weenix étudie dans un premier temps chez Jan Micker et complète ensuite sa formation chez Abraham Bloemaert à Utrecht ainsi que chez Claes Moeyaert à Amsterdam. Tous ces maîtres sont représentés par des oeuvres significatives dans cet ouvrage.
Quelques dessins et peintures de Weenix, avant qu’il ne parte pour l’Italie, sont aujourd’hui connus[1]. Entre 1643 et 1647, il séjourne quatre ans à Rome où il travaille vraisemblablement pour le cardinal Camillo Pamphili, neveu du pape Innocent X[2]. Après avoir passé deux ans à Amsterdam, entre 1647 et 1649, il s’installe à Utrecht et meurt dans un château, à proximité de la ville, à l’âge de trente-neuf ans. Weenix se distingue par ses vues italianisantes peuplées de bergers et de paysans. Il aime aussi à exécuter des vues de ports, en reprenant un sujet cher à Paul Bril.
Weenix exécute de nombreuses sanguines durant son séjour romain, représentant toutes des paysages, dans un style soit très précis, soit plus suggestif. On pourrait être surpris de la grande hétérogénéité de cet ensemble de feuilles mais il existe des dessins, signés de sa main, réalisés dans ces deux manières. La sanguine de Grenoble s’apparente au premier groupe pour la ruine et au second pour l’arrière-plan. L’artiste célèbre ici la poésie des ruines antiques, situées dans des paysages parfois animés de quelques bergers. Un dessin comparable, un Château et une tour au bord de la mer, signé, est conservé à Hambourg[3]. L’artiste s’inspire, dans les deux cas, d’une série gravée par Bartholomeus Breenbergh vers 1639-16404. Roethlisberger et Meyer remarquent en 1977 que Weenix prend modèle sur la deuxième gravure de cette série dédiée aux ruines antiques : son dessin est inversé par rapport à la gravure de Breenbergh qui a repris ce motif dans un tableau sur bois, conservé au Landesmuseum d’Oldenburg[5].
L’art de Weenix peut aussi être plus sommaire. Le second groupe de sanguines de Weenix a été exécuté dans un style très cursif, aux contours très fluides et aux hachures parallèles généreuses qui diffèrent nettement du traitement très détaillé du premier. Il y crée des atmosphères plutôt que de s’attacher à la précision des détails qu’il maîtrise pourtant autant que les effets généraux. Cette manière rappelle les puissants clairs-obscurs visibles dans le dessin de la Staatliche Graphische Sammlung de Munich[6]. La Kunsthalle de Hambourg conserve également un dessin de style proche, signé au verso[7], tout comme le Landesmuseum de Hanovre[8].
Le dessin de Grenoble porte au dos la mention d’une attribution ancienne à « Silvestre ». Cela n’est pas tout à fait dénué de sens, Louis II de Silvestre ayant dessiné quelques paysages méridionaux à la sanguine, dans une manière similaire, mais d’une façon plus décorative et beaucoup moins enlevée.


[1] Voir Steland, 1994, p. 87-94.
[2] Voir Steland, 1994, p. 87-112, et Schatborn, 2001, p. 110- 116.
[3] Kunsthalle, Inv. n° 22713, voir Stefes, 2011, n° 1179.
[4] The illustrated Bartsch, 5, 1979, p. 173, n° 2 (166}).
[5] Landesmuseum, Inv. n° 27416.
[6] Staatliche Graphische Sammlung, Inv. n° 1946.
[7] Kunsthalle, Inv. n° 22711 ; Stefes, 2011, n° 1180.
[8] Stefes, 1994, p. 104, repr. p. 107, fig. 27.

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