Paysage montagneux

Pieter MOLYN LE VIEUX
circa 1630
Pointe du pinceau et encre noire, lavis d'encre grise sur tracé sous-jacent à la pierre noire, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune, sur papier vergé crème
18,3 x 29,1 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1690)

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La rareté des dessins de Molyn pour les années 1630 nous encourage à maintenir cette feuille dans le corpus de ses oeuvres et même à la considérer comme une des plus belles feuilles de sa main pour cette période. Bien qu’elle soit signée et datée, elle n’apparaît pas dans le catalogue raisonné de Beck. Comme l’auteur, disparu récemment, n’a pas dressé de catalogue, même sommaire, des oeuvres qu’il « rejette », on ignore son avis sur cette feuille qui fut exposée sous le nom de Molyn en 1977.
Les dégradés de couleur y sont très subtils. Le premier plan est très contrasté, sombre au centre et sur la gauche, alors que la lumière éclaircit l’angle droit et permet à Molyn de plonger les arbres du plan médian dans l’obscurité. On note un éclaircissement progressif des plans au fur et à mesure que l’on pénètre dans l’espace.
Le dessin rappelle les paysages flamands d’un Joos de Momper, sans toutefois présenter des vues de roches aussi grandioses. Durant cette période, Molyn s’intéresse aux grands panoramas montagneux, un sujet qui lui est cher jusqu’à la fin de sa vie[1]. Comme le remarque Wolfgang Stechow en 1966, les oeuvres de Molyn sont démodées après les années 1620 –decidedly old-fashioned – mais elles ne perdent rien de leur beauté et de leur grandeur.
La figure humaine joue un rôle important dans ses premiers dessins connus et elle sera progressivement remplacée par les éléments du paysage. Les voyageurs vus de dos sont fréquents et ils accentuent ainsi les effets de profondeur mais l’artiste les traite ici d’une façon exceptionnellement monumentale. Dans ses gravures, qui datent toutes d’avant 1626, on trouve des voyageurs avec des chapeaux larges assez similaires[2]. Le dessin de Grenoble est exécuté au pinceau et au lavis gris dans des tonalités très variées sur un dessin sous-jacent à la pierre noire. Il se rapproche techniquement d’un Paysage fluvial signé et conservé au Kupferstichkabinett de Berlin, de mêmes dimensions et daté par Beck vers 1630[3]. Ces feuilles séduisantes au pinceau doivent procurer de la délectation et inviter le spectateur à un voyage imaginaire.


[1] Voir pour une peinture de ce genre des années 1650, le catalogue de vente de Sotheby’s, Amsterdam, 15 avril 2002, no 27.
[2] Voir Hollstein, 1949-2010, XIX, nos 1 à 4.
[3] Berlin, Kupferstichkabinett, Inv. no 5395, voir Beck, 1998, no 61, repr.

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