Ferme en bois avec paysans

Élève de Roelandt Savery et de Pieter Molyn,
Allaert van Everdingen représente surtout des
marines, des vues de la Hollande et des paysages
scandinaves. Nous connaissons aussi
une centaine d’eaux-fortes de sa main. Sur le
papier, il a su reproduire cette fraîcheur, cette
vérité, cette puissance et cet éclat qui font l’attrait
de ses meilleures peintures et qui lui ont
donné une grande célébrité jusqu’au XIXe siècle.
Trois dessins de sa main sont conservés à Grenoble.
Deux d’entre eux évoquent l’amour du
peintre, observateur infatigable, pour les lieux
solitaires et montagneux, inspirés sans doute
par Savery qui parcourt les Alpes et les montagnes
de Bohême durant son séjour auprès
des empereurs Rodolphe II et Matthias à
Prague et Vienne, entre 1604 et 1619.
Everdingen dessine ici, comme il a l’occasion
de le faire d’innombrables fois, des cabanes de
bois abritant des voyageurs, des chasseurs, des
explorateurs ou encore des bûcherons. Le désir
de dessiner une sorte d’abri dans un environnement
hostile guide aussi l’artiste dans ses
marines. Il aime ainsi dessiner et peindre des
bateaux voguant sur des mers agitées.
En 1644, Van Everdingen voyage en Norvège
et en Suède comme l’attestent des inscriptions
de l’artiste sur certains dessins. Il a pu renouveler
son expérience de voyage dans des terres solitaires en allant dans les Ardennes dans
les années 1650 où il a pu revoir des forêts et
montagnes sauvages, très proches des paysages
scandinaves. Ces voyages le marquent profondément
et Jacob van Ruisdael et d’autres
peintres s’en inspireront pour peindre des
chalets forestiers, des cascades ou encore des
torrents.
Une des feuilles de Van Everdingen conservée
à Grenoble, Paysage montagneux avec trois
hommes près d’un chalet (MG 1383 Ro), exécutée au pinceau
et lavis brun, est malheureusement impossible
à exposer en raison de son mauvais état
de conservation. Traité dans des
tonalités de gris et de beige, ce dessin est très
proche par son sujet de la feuille étudiée ici :
une cabane en bois, près d’un rocher, entourée
d’arbres. Monogrammé, celui-ci est également
destiné à la vente.
Un troisième dessin de la collection peut être
attribué à Van Everdingen, inédit et rare car il
s’agit d’une esquisse à l’huile (Pêcheurs sur le rivage, MG D 738). On
en trouve une semblable dans les collections
du British Museum, un Paysage montagneux.
Citons encore un carnet de trente-huit marines
et de paysages à l’huile au Rijksprentenkabinet
à Amsterdam ainsi que trois feuilles de la
même technique à la P. et N. de Boer Foundation
de la même ville[1]. La feuille de Grenoble, Pêcheurs sur le rivage,
révèle encore une fois l’oeil avisé de Léonce
Mesnard en matière d’acquisitions. La précision
du pinceau et la justesse des détails ne se
révèlent qu’à l’observateur attentif et, sans en
connaître le véritable auteur, le collectionneur
a judicieusement acheté cette feuille. On ne
sait où il se l’est procurée. On constate toutefois
que le carnet oblong du Rijksprentenkabinet
provient de la vente Guichardot de 1875.
La feuille exposée ici se trouvait-elle dans la
même vente ? Le catalogue sommaire de cette
vente ne permet pas de trancher cette question
avec certitude.
[1] Davies, 2007, n° 401-442.
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