Ferme en bois avec paysans

Allaert VAN EVERDINGEN
XVIIe siècle
Plume et encre brune, lavis d'encre brune et grise, pierre noire, retouche à la gouache blanche (dans le ciel) destinée à masquer les taches, sur papier vergé crème oxydé contrecollé en plein sur un papier cartonné bleu
10,4 x 15,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1728).

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Élève de Roelandt Savery et de Pieter Molyn, Allaert van Everdingen représente surtout des marines, des vues de la Hollande et des paysages scandinaves. Nous connaissons aussi une centaine d’eaux-fortes de sa main. Sur le papier, il a su reproduire cette fraîcheur, cette vérité, cette puissance et cet éclat qui font l’attrait de ses meilleures peintures et qui lui ont donné une grande célébrité jusqu’au XIXe siècle. Trois dessins de sa main sont conservés à Grenoble. Deux d’entre eux évoquent l’amour du peintre, observateur infatigable, pour les lieux solitaires et montagneux, inspirés sans doute par Savery qui parcourt les Alpes et les montagnes de Bohême durant son séjour auprès des empereurs Rodolphe II et Matthias à Prague et Vienne, entre 1604 et 1619.
Everdingen dessine ici, comme il a l’occasion de le faire d’innombrables fois, des cabanes de bois abritant des voyageurs, des chasseurs, des explorateurs ou encore des bûcherons. Le désir de dessiner une sorte d’abri dans un environnement hostile guide aussi l’artiste dans ses marines. Il aime ainsi dessiner et peindre des bateaux voguant sur des mers agitées.
En 1644, Van Everdingen voyage en Norvège et en Suède comme l’attestent des inscriptions de l’artiste sur certains dessins. Il a pu renouveler son expérience de voyage dans des terres solitaires en allant dans les Ardennes dans les années 1650 où il a pu revoir des forêts et montagnes sauvages, très proches des paysages scandinaves. Ces voyages le marquent profondément et Jacob van Ruisdael et d’autres peintres s’en inspireront pour peindre des chalets forestiers, des cascades ou encore des torrents.
Une des feuilles de Van Everdingen conservée à Grenoble, Paysage montagneux avec trois hommes près d’un chalet (MG 1383 Ro), exécutée au pinceau et lavis brun, est malheureusement impossible à exposer en raison de son mauvais état de conservation. Traité dans des tonalités de gris et de beige, ce dessin est très proche par son sujet de la feuille étudiée ici : une cabane en bois, près d’un rocher, entourée d’arbres. Monogrammé, celui-ci est également destiné à la vente.
Un troisième dessin de la collection peut être attribué à Van Everdingen, inédit et rare car il s’agit d’une esquisse à l’huile (Pêcheurs sur le rivage, MG D 738). On en trouve une semblable dans les collections du British Museum, un Paysage montagneux. Citons encore un carnet de trente-huit marines et de paysages à l’huile au Rijksprentenkabinet à Amsterdam ainsi que trois feuilles de la même technique à la P. et N. de Boer Foundation de la même ville[1]. La feuille de Grenoble, Pêcheurs sur le rivage, révèle encore une fois l’oeil avisé de Léonce Mesnard en matière d’acquisitions. La précision du pinceau et la justesse des détails ne se révèlent qu’à l’observateur attentif et, sans en connaître le véritable auteur, le collectionneur a judicieusement acheté cette feuille. On ne sait où il se l’est procurée. On constate toutefois que le carnet oblong du Rijksprentenkabinet provient de la vente Guichardot de 1875. La feuille exposée ici se trouvait-elle dans la même vente ? Le catalogue sommaire de cette vente ne permet pas de trancher cette question avec certitude.


[1] Davies, 2007, n° 401-442.

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