Homme debout

Carel DU JARDIN
XVIIe siècle
Pierre noire, rehauts de craie blanche, trait d'encadrement à la pierre noire sur papier vergé brun
26,4 x 12,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1938).

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Carel du Jardin figure parmi les peintres hollandais italianisants les plus célèbres de son temps. Il appartient à la génération d’artistes comme Jan Both ou Nicolaes Berchem, actifs après les séjours italiens de Cornelis van Poelenburgh ou Bartholomeus Breenberg. Personne n’arrive comme lui à rendre dans ses paysages les subtils dégradés de la lumière italienne. Après avoir passé plusieurs années en France où il se marie, il rentre à Amsterdam. Paradoxalement, s’il n’y avait pas le beau dessin représentant la place Sainte-Marie- Majeure, monogrammé et daté de 1653, un voyage en Italie au début de la carrière de Carel du Jardin serait difficile à déterminer[1]. En dehors d’un court séjour à La Haye entre 1656 et 1658, sa carrière se déroule essentiellement à Amsterdam. En 1678, il repart pour l’Italie et y meurt.
La plupart des dessins de Du Jardin représentent des paysages, animés par quelques voyageurs et bergers accompagnés de leurs Ils sont préparatoires à des peintures ou gravures et sont parfois destinés au marché de l’art. Outre quelques portraits à la sanguine, plusieurs études de figures sont connues ainsi que des études animalières.
Le dessin de Grenoble a été identifié en 1977 par Marcel Roethlisberger alors qu’il était attribué depuis son entrée au musée de Grenoble au peintre de genre Cornelis Bega. Il a pu reconnaître le même jeune homme dans un Paysage italianisant du Kunstmuseum à Bâle, attribué à Du Jardin et daté de 1657, vraisemblablement une copie d’après un original perdu (Inv. Nr. 1510). L’artiste s’attache surtout à tracer vigoureusement les contours du dos de l’homme sans entrer dans les détails. Il joue sur la sinuosité de la ligne et ce n’est pas la plasticité des formes qui l’intéresse.
Le dessin de Grenoble forme un groupe à part avec quatre autres études, dont une conservée à Copenhague, au Statens Museum for Kunst, qui prépare un tableau récemment vendu à Londres[2]. On peut aussi le rapprocher d’un dessin de Du Jardin à Boston, dans la collection Abrams, et d’un autre à Bruxelles, où se trouve aussi une contre-épreuve. Schatborn et Robinson constatent que le modèle des quatre dessins est en effet sensiblement le même. L’artiste se sert donc de ses études pour les insérer ensuite dans ses paysages italianisants. Comme dans le cas d’autres Hollandais ayant fait le voyage d’Italie, l’importance des personnages n’est pas à négliger et, dans les inventaires et catalogues du passé, leurs actions sont souvent décrites ; aussi, les historiens de l’art et les amateurs d’aujourd’hui qualifient parfois trop rapidement ces peintres de « paysagistes ». La collection de Grenoble conserve un autre dessin, entré sous le nom du rare peintre italianisant et animalier Jan Le Ducq (vers 1629- vers 1676), inventorié plus tard comme une oeuvre de Jacob Duck. Il représente sans doute un homme jouant au jeu de morra (MG D 1698). La feuille peut être rapprochée des études d’hommes de Du Jardin. On y retrouve le même dessin sûr pour modeler le corps et les vêtements, le même souci du détail, comme les cheveux ondulés et les doigts, mais on ne peut la rapprocher d’aucun tableau, de sorte que la prudence nous conduit à seulement attribuer l’oeuvre à Du Jardin.


[1] Paris, Fondation Custodia, Inv. n° 2778.
[2] Londres, vente Sotheby’s, 5 décembre 2007, n° 15.

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