Un Moulin au bord d'une rivière

Jan Josefsz VAN GOYEN
1653
Pierre noire et lavis d'encre grise, trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire, en partie coupé dans la partie supérieure et sur le bord gauche, sur papier vergé crème
10,7 x 19,35 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (Lot 3548, n°1696)

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Dès son installation à La Haye en 1632, Van Goyen s’intéresse tout particulièrement au paysage fluvial. La profondeur de l’espace, suggérée dans ses compositions, gagne de l’ampleur par rapport à ses oeuvres précédentes, et l’artiste tente d’unifier les différents plans en intégrant de subtiles lignes diagonales.
Cette feuille a pour sujet une paisible vue fluviale : un pêcheur est assis sur la berge au premier plan alors que sur le fleuve se distinguent trois barques avec d’autres pêcheurs au travail. À gauche, on voit les murs d’une bourgade surmontée d’un moulin et à l’arrière-plan à droite, une route traversant un pont et menant vers quelques maisons. Cette oeuvre est une des multiples feuilles de l’année 1653 qui révèlent la maîtrise à laquelle est arrivée l’artiste après une trentaine d’années d’expérience. Il consacre d’ailleurs presque toute cette année aux dessins à la pierre noire et au lavis. Cette technique graphique est tout particulièrement adaptée à la suggestion de la lumière et de l’atmosphère humide et vaporeuse. La surface aquatique, où se reflètent les choses et les nuages, est d’une surprenante transparence et donne aux dessins une légèreté dont seul l’artiste a le secret. Cette feuille attire spécialement l’attention car sa copie, plus grande, conservée à l’Albertina à Vienne, a été publiée à plusieurs reprises comme un original[1]. Sur le portrait de Van Goyen, exécuté par Gérard ter Borch[2], l’artiste montre une certaine bonhomie et ne laisse pas transparaître son souci constant de gagner de l’argent en spéculant sur les tulipes et l’immobilier. En peignant et en dessinant, avec une surprenante rapidité et une grande sobriété de moyens, des centaines de paysages destinés à la vente, Van Goyen fait preuve d’un certain mercantilisme qui n’affecte en revanche nullement la beauté de sa production artistique. La Hollande se révèle dans son oeuvre sous un jour toujours harmonieux et agréable et la qualité de son regard sur ces paysages n’a pu être égalée par aucun de ses nombreux suiveurs.
Plusieurs copies d’après Van Goyen figurent dans la collection. Citons par exemple le Paysage au bord d’une rivière, mentionné dans les catalogues du XIXe siècle, exécuté d’une façon un peu schématique (MG D 236), et un Paysage fluvial de Karel la Fargue illustrant le « Spaarnwouderpoort » à Haarlem, d’après un tableau de Van Goyen autrefois sur le marché de l’art à Amsterdam[3] (MG D 739).


[1] Inv. 8521 ; voir Bernt, 1979, IV, no 270.
[2] Collection des princes de Liechtenstein, Vaduz / Vienne, inv. no 893, voir cat. exp. Bâle, 1987, p. 94, repr. p. 95.
[3] Voir Beck, 1973, II, no 748, repr. Pour l’identification du site, je remercie Laurens Schoemaker.

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