Personnage vu de dos

Leendert VAN DER COOGHEN (attribué à)
circa 1653?
Sanguine, trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire, sur papier vergé beige, bordé d'un filet doré et contrecollé en plein sur un papier vélin bleu
27,6 x 18,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1926)

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Dans son premier volume du Groote schouburgh, Houbraken présente Leendert van der Cooghen comme un artiste talentueux, issu d’une famille riche – sa mère est membre de la puissante famille haarlémoise de Beeresteyn – célibataire, travaillant peu et seulement pour son loisir[1]. Actif entre 1651 et 1669, il est capable de rivaliser avec les nombreux dessinateurs haarlémois de son époque. Son oeuvre est en effet d’une grande qualité artistique, comme le prouve le dessin de Grenoble. Avec un trait rigoureux, des contours très contrastés et des hachures parallèles, Van der Cooghen se montre proche de son ami Cornelis Bega, mais aussi de Cornelis Visscher, de Helmbreker ou encore des frères Berckheyde (MG D 734). Comme tous ces artistes, il travaille à la lumière de la bougie, ce qui explique l’intensité du tracé et les effets marqués de clair-obscur. Selon Houbraken, « les ombres ne tombent que d’un côté ». Ses dessins ont toujours été très appréciés et Van Cooghen n’a jamais été oublié. Christiaan Josi[2] écrit dans sa Collection d’imitations de dessins, au sujet du Haarlémois Cornelis Visscher, que « ses dessins étaient vendus 5 à 10 louis la pièce et qu’il savait en produire des touches moelleuses et spirituelles ». Puis l’auteur conclut en ajoutant : « Van der Koogen avait des moeurs fort sages ; il vécut dans le célibat jusqu’à sa mort. »
Baukje Coenen a fait récemment le point sur son oeuvre[3]. L’artiste travaille avant tout comme dessinateur et son catalogue comporte une soixantaine de feuilles sûres, ainsi que quelques peintures et eaux-fortes. Excellent portraitiste avant tout, et auteur de dessins d’études, il aborde également d’autres sujets comme la scène de genre, l’histoire, le paysage. Van der Cooghen se forme chez Jacob Jordaens, soit à Anvers, soit plutôt à La Haye, où l’artiste flamand est actif au début des années 1650, travaillant à la décoration de la salle d’Orange (Oranjezaal) au Huis ten Bosch. Il existe plusieurs dessins où il copie des compositions de Jacob Jordaens (et Salomon de Bray). La feuille inédite de Grenoble rappelle d’ailleurs l’art du grand artiste flamand. Avant de rejoindre la guilde de Saint-Luc à Haarlem en 1652, Van der Cooghen complète sa formation à Haarlem chez son ami Cornelis Bega. Le dessin de Grenoble n’est pas achevé. Il se rapproche stylistiquement d’un Homme assis à la pierre noire rehaussée de blanc et daté de 1653[4]. La jambe gauche, le bras droit et la tête ne sont que sommairement indiqués. On trouve parfois chez lui une manière de dessiner synthétique et sommaire, comme dans son Saint Jean à Pátmos conservé au Rijksprentenkabinet d’Amsterdam[5]. Néanmoins, nous préférons présenter la feuille de Grenoble comme « attribuée à » car nous ne connaissons pas d’autres exemples de dessins où Van der Cooghen réunit sur une même feuille des éléments minutieusement dessinés et d’autres plus rapidement esquissés. Rarement dans l’histoire des arts a-t-on vu une ville aussi petite que Haarlem au XVIIe siècle former autant d’artistes de qualité et travaillant dans tous les genres. On ne peut que constater avec étonnement la place si importante accordée à la peinture dès la fin du XVIe siècle dans cette ville sans pouvoir en donner une explication précise.


[1] Houbraken, 1718, p. 350.
[2] Josi, 1821-1827, I, « Vie de Cornelis Visscher », note 1.
[3] Voir Coenen, 2005, p. 5-90.
[4] Op. cit, cat. n° A25, repr.
[5] Op. cit, cat. n° A 37, repr.

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