La Mort de la Vierge, d'après Carlo Saraceni

Marco Chiarini (note manuscrite sur le
montage) a reconnu que ce dessin, traditionnellement
attribué à Giordano, dérivait probablement
d’une œuvre de Carlo Saraceni. La
source en est effectivement la Mort de la Vierge,
grande pala verticale peinte par cet artiste à
l’église Santa Maria della Scala, à Rome.
De façon assez inhabituelle, et dans une
démarche de synthèse visuelle efficace, le
copiste a d’abord tracé à la plume, en les accentuant
brièvement, les traits essentiels fixant les
silhouettes les unes par rapport aux autres,
pour ensuite indiquer par grandes hachures
légères, à la pierre noire à peine appuyée, les
plages d’ombre. Cette manière de copier est
une particularité de Giordano. Par contraste,
les zones où le papier est laissé en réserve font
ressortir, avec un minimum de moyens, l’éclairage
qui met en valeur les visages et les mains.
Ce qui retient l’attention de Giordano dans ce
tableau caravagesque, c’est en effet la gestuelle
et le ténébrisme, qui prédominent chez Carlo
Saraceni, un suiveur de Caravage. Comme l’a
justement noté C. Loisel (op. cit.), le dessinateur
transforme la perspective générale de l’original
en éliminant toute la partie supérieure du
tableau. Il réaménage la disposition des
apôtres, en resserrant la composition de telle
sorte que les figures se trouvent placées sur un
même plan, à la manière d’un bas-relief. La
notion de profondeur est pratiquement
éliminée au profit d’une mise en valeur des
gestes. La Vierge n’est pas traitée autrement que
les apôtres : en cela, Giordano ne trahit pas
Saraceni, car ce n’est pas sa mort qui est représentée,
mais le transito.
Ce dessin fut certainement réalisé au cours du
séjour à Rome, au début des années 1650. Il
démontre la variété des intérêts du jeune artiste
napolitain, à l’affût des sources d’inspiration les
plus variées.
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