Saint Jérôme agenouillé et lion

Le dessin de Saint Jérôme n’a pas pu être rapproché d’un tableau connu de l’artiste mais Jacques Thuillier (1988), soulignant la liberté d’exécution de l’étude, a proposé d’y voir une œuvre de la maturité de l’artiste. L’utilisation du lavis lui donne en effet un aspect pictural qui révèle une vraie aisance. L’artiste, tout en restant fidèle à sa ville natale, alors un centre artistique vivant, a beaucoup voyagé et les dessins, qui attestent de ses déplacements à Rome en 1596, 1600, à Fontainebleau en 1602, ont revêtu un rôle important dans sa formation et le développement de son œuvre, qu’il s’agisse de copies d’après l’antique, d’études d’ensemble ou de détail.
La figure de saint, à la barbe et la chevelure bouclées, peut être comparée à plusieurs figures qui apparaissent dans ses tableaux à la fin de la décennie 1610-1620, comme, par exemple, le saint Joseph de l’Adoration des mages conservée dans l’église paroissiale de Plounez (1617, cat. exp. Bourges, 1988, p.90, n°14 repr.). Une des rares eaux-fortes de Jean Boucher représente saint Jérôme (cuivre au musée de Bourges, cat. exp. Bourges, 1988, p. 267, n° G 9 repr.) mais il ne peut pas être rapproché du saint dessiné qu’on imagine plutôt en bas d’un grand tableau d’autel. On notera la proximité de la figure de l’artiste qui s’est représenté dans le Triptyque de saint Jean-Baptiste, œuvre de la fin de la vie (1630, cathédrale de Bourges, cat. exp. 1988, p. 130, n°35 repr.) avec le saint Jérôme dessiné : inversée, l’attitude est la même ; agenouillée, légèrement inclinée, la figure replie, dans un geste plein d’élégance et de déférence, le bras sur la poitrine, la main posée sur le haut de la poitrine tandis que l’autre bras descend le long du corps, la main légèrement en arrière.
Le dessin porte, comme celui de Moine agenouillé
*, l’annotation ancienne « boucher » que l’on retrouve sur plusieurs études de l’artiste. Jacques Thuillier a pensé (1988) que l’artiste lui-même, au moment où il rédige son testament en 1632 et désigne quatre personnes destinataires de ses dessins et tailles douces, avait apposé cette annotation sur ses dessins dans le but de les authentifier et de marquer leur différence avec d’autres types de travaux réalisés autour du maître. Le testament du 28 avril 1632 nous apprend par ailleurs que Boucher de Bourges destine tous ses grands « dessings faicts pour brodeure » aux maîtres brodeurs Jehan de Goy et Claude Brenault. Ce lien avec des brodeurs nous permet d’insister sur le fait que l’Etude de Moine* a été piquée pour permettre le transfert des contours de la figure sur un autre support. Jacques Thuillier y voyait une pratique d’atelier et pensait la figure destinée à un des tableaux religieux de l’artiste actuellement perdus. Nous pensons davantage à un projet de broderie où cette technique de report sur un tissu est courante.
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