Apollon et Daphné

Entré dans les collections en 1880 avec une attribution à Bon Boullogne, le présent dessin est actuellement classé sous le nom de son frère Louis. Peu exposée, la feuille a gardé une grande fraîcheur, surtout si on la compare au spectaculaire Apollon et Daphné de la collection Mesnard (MG 1374
) dont la couleur bleu du papier n’est plus visible, fortement dégradée par une exposition trop longue.
Le sujet, identifié en général comme Apollon et nymphes dans un paysage, peut être précisé par une lecture plus attentive de l’image. La composition en hauteur est séparée en deux parties par un arbuste placé au centre. A gauche, est disposée la figure ferme et imposante d’Apollon qui semble entonner un chant mélancolique au son de sa lyre. La partie droite met en scène des nymphes et un dieu fleuve. L’attitude inquiète et triste de ces derniers indique un épisode dramatique dont la clef semble résider dans la draperie, suspendue aux branchages de l’arbre, qui n’est autre que Daphné transformée en laurier. L’épisode illustré, inspiré des Métamorphoses d’Ovide, est en réalité la conclusion de la course du dessin précédent (MG 1374).
L’usage de la pierre noire, abondamment rehaussée de gouache blanche est, comme nous l’avons souligné, l’une des principales caractéristiques des dessins de Boullogne. Le papier bleu, peu utilisé en France au XVIIe siècle, est également fréquent chez l’artiste et le sera de plus en plus au XVIIIe siècle (voir Claude-Guy et Noël Hallé MG D 2669
et MG 2011-0-94
).
Aucune peinture n’a pour l’heure été mise en relation avec cette étude. Par la fermeté des personnages et la présentation de la scène dans un vaste paysage, nous pouvons rapprocher l’œuvre des paysages mythologiques en vogue dans les décors royaux dans les dernières décennies du XVIIe siècle. Noël Coypel est l’un des premiers à utiliser cette formule décorative qui s’inspire à la fois des paysages historiques bolonais et des œuvres de Poussin, comme en témoigne son Paysage avec Apollon et Marsyas (Marseille, musée des beaux-arts,) réalisé pour les appartements du roi au palais des Tuileries. Boullogne, comme la plupart des artistes de son temps, tels Charles de La Fosse ou Antoine Coypel, confère un aspect plus aimable à ces scènes qui annoncent la vogue des mythologies galantes du XVIIIe siècle.
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