Vierge à l'Enfant
Cette charmante Vierge à l’Enfant à la sanguine
est caractéristique de l’œuvre graphique du
Cavaliere d’Arpino de la fin du XVIe siècle, stylistiquement
proche de deux autres dessins de
l’artiste présents dans la collection, comme le
montrent les traits parallèles marquant le fond
et la densité des draperies, en contraste avec les
coups de crayons enlevés délimitant les formes (MG D 1000
et MG D 913
).
Bien qu’il ne s’agisse pas d’une feuille préparatoire
à une œuvre précise, elle peut être rapprochée
de certaines compositions contemporaines,
toutes de petites dimensions : la Sainte
Famille du musée Fabre de Montpellier
(c. 1593-1595), la Fuite en Égypte de la Galleria
Borghese de Rome (c. 1593-1595) ou le Repos
pendant la fuite en Égypte du Museum of Fine
Arts de Boston (c. 1596-1597).
Bien qu’inscrite dans une longue tradition
remontant à Raphaël, dans le dernier tiers du
XVIe siècle, la représentation de la Vierge à
l’Enfant fut renouvelée en Italie par Federico
Barocci, notamment avec la Vierge au chat
(Londres, The National Gallery), peinte vers 1575. Les gravures faites d’après les compositions
de Federico Barocci, celle éditée d’après
la Vierge au chat en 1577, mais aussi d’après la
Vierge dans les nuages qui fut en particulier
gravée par Agostino et par Annibale Carracci,
firent la fortune des inventions de l’artiste à
travers toute l’Europe. Il n’est donc pas surprenant
que la position de la Vierge du dessin de
Grenoble dérive de la Madone aux cerises des
Musei Vaticani.
Pour ses propres compositions, le Cavaliere
d’Arpino fond la scène centrale de ses tableaux
dans de vastes paysages nettement inspirés des
artistes nordiques, notamment de Paul Bril qui
se serait installé à Rome dès 1571, mais qui ne
s’exerça à la peinture de chevalet qu’à partir du
début des années 1590. Les madones de Cesari, généralement peintes sur bois ou sur cuivre,
correspondent à un goût particulier répandu à
la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle pour les
œuvres de petites dimensions, d’une grande
finesse d’exécution, qui étaient présentées dans
les cabinets des amateurs comme de véritables
joyaux. Ces tableaux sont comparables à ceux
de Jacopo Zucchi et en particulier à la Sainte
Famille avec le petit saint Jean-Baptiste
(Toulouse, musée des Augustins), mais aussi
aux nombreux petits tableaux réalisés par
Alessandro Allori, ou encore à certaines œuvres
de Lodovico Cigoli, telle la Fuite en Égypte
peinte par l’artiste vers 1608 (Montpellier,
musée Fabre). Au nombre de ces petits tableaux
peints sur cuivre à Rome, contemporains de
ceux du Cavaliere d’Arpino, comptent deux
œuvres qui contribuèrent au renouveau de la
peinture : la Fuite en Égypte (Forth Worth,
Kimbell Art Museum), œuvre d’Adam
Elsheimer et la Madone Montalto (Londres, The
National Gallery) d’Annibale Carracci qui
substitue au paysage d’inspiration nordique un
fond d’architecture classique.
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