Vierge à l'Enfant

Giuseppe CESARI dit IL CAVALIER D'ARPINO
XVIIe siècle
Sanguine sur papier vergé beige doublé
15,6 x 12,3 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°134).

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Cette charmante Vierge à l’Enfant à la sanguine est caractéristique de l’œuvre graphique du Cavaliere d’Arpino de la fin du XVIe siècle, stylistiquement proche de deux autres dessins de l’artiste présents dans la collection, comme le montrent les traits parallèles marquant le fond et la densité des draperies, en contraste avec les coups de crayons enlevés délimitant les formes (MG D 1000 et MG D 913 ). Bien qu’il ne s’agisse pas d’une feuille préparatoire à une œuvre précise, elle peut être rapprochée de certaines compositions contemporaines, toutes de petites dimensions : la Sainte Famille du musée Fabre de Montpellier (c. 1593-1595), la Fuite en Égypte de la Galleria Borghese de Rome (c. 1593-1595) ou le Repos pendant la fuite en Égypte du Museum of Fine Arts de Boston (c. 1596-1597). Bien qu’inscrite dans une longue tradition remontant à Raphaël, dans le dernier tiers du XVIe siècle, la représentation de la Vierge à l’Enfant fut renouvelée en Italie par Federico Barocci, notamment avec la Vierge au chat (Londres, The National Gallery), peinte vers 1575. Les gravures faites d’après les compositions de Federico Barocci, celle éditée d’après la Vierge au chat en 1577, mais aussi d’après la Vierge dans les nuages qui fut en particulier gravée par Agostino et par Annibale Carracci, firent la fortune des inventions de l’artiste à travers toute l’Europe. Il n’est donc pas surprenant que la position de la Vierge du dessin de Grenoble dérive de la Madone aux cerises des Musei Vaticani.
Pour ses propres compositions, le Cavaliere d’Arpino fond la scène centrale de ses tableaux dans de vastes paysages nettement inspirés des artistes nordiques, notamment de Paul Bril qui se serait installé à Rome dès 1571, mais qui ne s’exerça à la peinture de chevalet qu’à partir du début des années 1590. Les madones de Cesari, généralement peintes sur bois ou sur cuivre, correspondent à un goût particulier répandu à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle pour les œuvres de petites dimensions, d’une grande finesse d’exécution, qui étaient présentées dans les cabinets des amateurs comme de véritables joyaux. Ces tableaux sont comparables à ceux de Jacopo Zucchi et en particulier à la Sainte Famille avec le petit saint Jean-Baptiste (Toulouse, musée des Augustins), mais aussi aux nombreux petits tableaux réalisés par Alessandro Allori, ou encore à certaines œuvres de Lodovico Cigoli, telle la Fuite en Égypte peinte par l’artiste vers 1608 (Montpellier, musée Fabre). Au nombre de ces petits tableaux peints sur cuivre à Rome, contemporains de ceux du Cavaliere d’Arpino, comptent deux œuvres qui contribuèrent au renouveau de la peinture : la Fuite en Égypte (Forth Worth, Kimbell Art Museum), œuvre d’Adam Elsheimer et la Madone Montalto (Londres, The National Gallery) d’Annibale Carracci qui substitue au paysage d’inspiration nordique un fond d’architecture classique.

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