Deux hommes tenant et levant un cylindre

Benedetto BRANDIMARTE
fin XVIe siècle
Pierre noire et rehauts de craie blanche, trait d'encadrement rapporté à la pierre noire sur papier gris bleu, angle inf.d. coupé, angle inf.g. dépassant
27,9 x 21,7 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3544, n°1374)

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C’est à cette heure l’unique dessin avéré de Benedetto Brandimarte, artiste originaire de Lucques en Toscane mais qui œuvra principalement à Gênes, au service notamment de Giovan Andrea Doria à partir de 1581, tout en revenant sporadiquement dans sa ville natale pour répondre à des commandes locales. Les deux figures étudiées sont à mettre en rapport avec deux hommes tenant et enfonçant la croix de saint André dans le sol, figurés dans un tableau peint pour l’église de Sant’Andrea de Sant’Andrea di Compito, près de Lucques, représentant le martyre de ce saint. Ce tableau est signé et daté de 1596. Les commentateurs de son œuvre peint se sont plu, depuis Roberto Longhi, à placer Brandimarte parmi les « étranges toscans » de passage à Gênes et à l’insérer dans les rangs des peintres maniéristes tardifs, à côté de peintres comme Aert Mytens, Beccafumi, Luca Cambiaso et Aurelio Lomi. La matrice stylistique de ce dessin est en revanche difficilement rattachable à l’école génoise et fait plutôt penser au faire florentin, notamment aux manières d’un Santi di Tito ou d’un Jacopo Chimenti dit l’Empoli. La méthode d’étude se rattache aussi aux réformes en cours qui se manifestent tant à Florence qu’à Bologne et qui se caractérisent par un retour à l’étude d’après le modèle. Les deux personnages dessinés sont ainsi très certainement de jeunes garzoni d’atelier prenant la pose. Dans la peinture, l’un d’entre eux deviendra un homme d’âge mûr alors que les vêtements peints sont scrupuleusement repris des modèles figurés sur cette feuille. Les moindres gestes, les indications morphologiques, les proportions internes des figures, tout se retrouve dans le tableau. Mais tous ces éléments se trouvent inversés. Cette inversion des motifs est difficilement explicable. Les autres dessins mis sous son nom n’ayant pu être mis en relation avec des œuvres peintes [1], aucun autre exemple comparable de sa main ne peut donc être convoqué pour éclairer ce procédé d’inversion.


[1] Deux dessins sont conservés à Milan, Ambrosiana et à Lucques, Museo nazionale di Villa Guinigi. Deux autres dessins portant une attribution traditionnelle à Brandimarte sont conservés à Palerme, Galleria Regionale della Sicilia, Palazzo Abatellis. Ces quatre dessins présentent une très grande hétérogénéité stylistique et typologique. Les deux premiers sont une étude de composition pour une Adoration des bergers et une étude de tête de facture assez bolonaise (elle fait penser à un modèle à la Passaroti) à la plume; les deux autres sont une étude de figure (pour une Madeleine) assez aboutie à la sanguine et une étude de composition pour une Déposition de la croix (très proche au demeurant de la première étude de composition). Le dessin de Grenoble ne présente aucun point de contact stylistique avec ces quatre dessins. Un cinquième dessin dans une collection privée anglaise (non reproduit à ce jour) est mentionné dans une notice de G. Grumo (p. 149).

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