Etude de mains féminines

Cornelius JANSSENS VAN CEULEN
circa 1652
23 x 38,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°194).

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Né à Londres en 1593, l’excellent portraitiste Jonson van Ceulen s’est formé dans les Provinces- Unies. Il est ensuite actif en Angleterre entre 1617 et 1643, fuyant à cette date les troubles causés par la guerre civile. Ses portraits rappellent dans un premier temps Mierevelt et Daniel Mytens et sont par la suite marqués par les attitudes spontanées et naturelles des modèles d’Antoon Van Dyck, son cadet de six ans. Van Ceulen semble pourtant avoir moins fréquemment travaillé pour la cour d’Angleterre, privilégiant les commandes aristocratiques. Signant Jonson ou Johnson, il poursuit dès 1643 une carrière dans les Provinces-Unies où il peint aussi des portraits collectifs[1].
L’artiste n’a jamais été oublié : Cornelis de Bie, Arnold Houbraken, Jacob Campo Weyerman, Horace Walpole, Johan van Gool le mentionnent fréquemment et parlent de ses oeuvres qui ont souvent été gravées de son vivant. La liste des personnages portraiturés, donnée par Wurzbach, n’est pas seulement très longue mais elle montre aussi la célébrité de l’artiste. Attitude élégante et précision de la touche caractérisent son oeuvre. Dans les Provinces-Unies, il partage son style de portrait, marqué par Van Dyck, avec Adriaen Hanneman et Jan Mytens qui sont aussi liés à l’Angleterre.
Les dessins de Cornelius Janssens van Ceulen sont fort rares et ceux qui lui ont été attribués peu nombreux. Citons, parmi ses dessins sûrs, le Portrait de Madame Schrade (Cornelia Strick van Linschoten), exécuté à la pierre noire et rehaussé de blanc, vendu chez Sotheby’s à Amsterdam le 18 novembre 1975 (n° 124) ou encore le Portrait de Helena du Booys-De Silveri, conservé au Prentenkabinet der Rijksuniversiteit à Leyde[2].
Deux autres études de mains, très proches de celle de Grenoble, sont connues : l’une à Los Angeles, au J. Paul Getty Museum (Inv. n°91.GB.57), l’autre au Rijksprentenkabinet, à Amsterdam (Inv. RP-T-1950-101). L’étude du Getty, préparatoire à un portrait de femme conservé à Bruxelles[3], est exécutée dans une technique identique à la feuille de Grenoble (pierre noire et craie blanche sur papier bleu). Pourtant, elle n’atteint ni l’élégance, ni la spatialité, ni encore la plasticité de l’étude grenobloise. Cela est aussi valable pour la feuille d’Amsterdam, Main du maire Jan Cornelisz Geelvinck, exécutée au fusain et à la craie blanche et préparant son portrait de 1646, conservé à l’Amsterdam Museum.
Janssens a su donner aux mains de Grenoble une vraie souplesse et, par les bracelets de perles noués autour des avant-bras, il a pu ajouter davantage d’éclat et d’élégance. Les vigoureuses hachures font ressortir les mains alors que les manches et l’éventail ne sont que rapidement suggérés par quelques traits à la pierre noire et à la craie blanche. Une annotation autographe à la plume et à l’encre brune sur le verso du dessin indique le nom du modèle : « jouvrouw Hinloopen ». De quelle femme, issue de la riche et puissante famille Hinlopen (impliquée dans la Compagnie des Indes orientales) s’agit-il ? Est-ce Catalina Hinlopen, femme de Willem Six (1612-1677) ou Sara Hinlopen (1623-1687) ?
Le dessin, qui a souffert de la lumière, est en tout cas préparatoire à un portrait de femme de 1652, publié en 1921 par Alexander J. Finsberg et jadis présenté dans la galerie Arthur Kay de Londres[4] ; celui-ci représente donc logiquement une dame de la famille Hinlopen. Les dessins hollandais du XVIIe siècle, préparatoires à des portraits, demeurent un domaine peu exploré. Même si leur nombre est aujourd’hui limité, ces oeuvres existaient. L’idée que l’artiste peint directement son portrait sur la toile est confirmée par les séances de pose mais concerne plus précisément les traits du visage alors que la position des mains et des vêtements est soigneusement préparée sur papier.


[1] Baker, 1921, p. 221.
[2] Voir cat. exp. Bilbao, 1992, sous n° 41, repr.
[3] Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Inv. n° 2943.
[4] Voir Finsberg, 1921-1922, pl. LXXI.

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