Bélier

Johann Heinrich ROOS
XVIIe siècle
7 x 8,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°213).

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Jadis attribué à Berchem, ce bélier nous semble plutôt revenir à Johann Heinrich Roos. Il a sans doute été découpé par un marchand peu scrupuleux dans une grande feuille représentant une réunion de différents animaux comme l’artiste avait coutume d’en faire.
Des détails précis, tels l’aspect laineux de la toison ou l’attitude de l’animal, peuvent être rapprochés de la représentation d’un bélier situé au premier plan d’une eau-forte de l’artiste, Le Petit Château au sommet d’un roc escarpé[1]. Exécuté vers 1668, le bélier directement préparatoire à cette gravure est visible sur une feuille de la Staatliche Graphische Sammlung à Munich[2]. Comme il s’agit sans doute de dessins faits d’après nature, Roos néglige souvent les pattes en ne les esquissant que très rapidement[3]. Roos est considéré comme le peintre animalier allemand par excellence (MG D 794). Il figure dans les collections du musée de Grenoble à travers un tableau daté de 1673[4]. Toute la grande famille des Roos y est d’ailleurs bien représentée, avec des oeuvres de Philipp Peter Roos, le fameux Rosa da Tivoli[5], et de Jacob Roos, le célèbre Rosa da Napoli[6], ce qui fait de Grenoble le musée français qui conserve l’ensemble le plus important d’oeuvres réalisées par les Roos.
Goethe, dans ses fameux entretiens avec Eckermann publiés pour la première fois en 1836, exprime toute sa vénération pour les oeuvres de Johann Heinrich Roos (entretien du 26 février 1824) qu’il connaît surtout par ses eaux-fortes : « Chaque fois que je regarde ces animaux, je me sens tout troublé. Il me semble que je me rapproche de ces organisations bornées, obscures, rêveuses, ruminantes ; on a peur de devenir un animal, et on croirait presque que le peintre en était un. En tout cas, il est bien étonnant qu’il ait su assez pénétrer les idées et les sentiments de ces créatures, pour faire percer avec une telle vérité leur caractère intime à travers leurs traits extérieurs. On voit ce qu’un grand talent peut accomplir quand il se borne aux sujets qui sont analogues à sa nature[7]. »


[1] The illustrated Bartsch, n° 21-1.
[2] Jedding, 1998, p. 120, fig. 159.
[3] Voir Bjurström, 1972, n°384.
[4] Voir Destot, 1994, p. 206-207, repr.
[5] Voir Chiarini, 1988, n°67, repr.
[6] Voir Jedding, 1998, p. 266-267, repr. (Chiarini, 1988, n°65-66, les attribue à tort à Johann Melchior Roos).
[7] Délerot et Sainte-Beuve, I, 1863, p. 106-107.

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