Bélier

Jadis attribué à Berchem, ce bélier nous semble
plutôt revenir à Johann Heinrich Roos. Il a sans
doute été découpé par un marchand peu scrupuleux
dans une grande feuille représentant
une réunion de différents animaux comme
l’artiste avait coutume d’en faire.
Des détails précis, tels l’aspect laineux de la toison
ou l’attitude de l’animal, peuvent être rapprochés
de la représentation d’un bélier situé
au premier plan d’une eau-forte de l’artiste, Le
Petit Château au sommet d’un roc escarpé[1]. Exécuté
vers 1668, le bélier directement préparatoire
à cette gravure est visible sur une feuille de
la Staatliche Graphische Sammlung à Munich[2].
Comme il s’agit sans doute de dessins faits
d’après nature, Roos néglige souvent les pattes
en ne les esquissant que très rapidement[3].
Roos est considéré comme le peintre animalier
allemand par excellence (MG D 794). Il figure dans
les collections du musée de Grenoble à travers
un tableau daté de 1673[4]. Toute la grande
famille des Roos y est d’ailleurs bien représentée,
avec des oeuvres de Philipp Peter Roos, le
fameux Rosa da Tivoli[5], et de Jacob Roos, le
célèbre Rosa da Napoli[6], ce qui fait de Grenoble
le musée français qui conserve l’ensemble le plus important d’oeuvres réalisées par les Roos.
Goethe, dans ses fameux entretiens avec
Eckermann publiés pour la première fois en
1836, exprime toute sa vénération pour les
oeuvres de Johann Heinrich Roos (entretien
du 26 février 1824) qu’il connaît surtout par
ses eaux-fortes : « Chaque fois que je regarde
ces animaux, je me sens tout troublé. Il me
semble que je me rapproche de ces organisations
bornées, obscures, rêveuses, ruminantes ;
on a peur de devenir un animal, et on croirait
presque que le peintre en était un. En tout cas,
il est bien étonnant qu’il ait su assez pénétrer
les idées et les sentiments de ces créatures, pour
faire percer avec une telle vérité leur caractère
intime à travers leurs traits extérieurs. On voit
ce qu’un grand talent peut accomplir quand
il se borne aux sujets qui sont analogues à sa
nature[7]. »
[1] The illustrated Bartsch, n° 21-1.
[2] Jedding, 1998, p. 120, fig. 159.
[3] Voir Bjurström, 1972, n°384.
[4] Voir Destot, 1994, p. 206-207, repr.
[5] Voir Chiarini, 1988, n°67, repr.
[6] Voir Jedding, 1998, p. 266-267, repr. (Chiarini, 1988, n°65-66, les attribue à tort à Johann Melchior Roos).
[7] Délerot et Sainte-Beuve, I, 1863, p. 106-107.
Découvrez également...
-
Portrait d'Amand-Joseph Fava, évêque de Grenoble
XIXe siècle -
-
Antibes
mars 1908 - mai 1908