Homme debout

Frère d’Herman Saftleven, Cornelis passe l’essentiel
de sa vie à Rotterdam. L’artiste est très
polyvalent : il peint, dessine et grave des scènes
de genre paysannes, mais aussi de sorcellerie,
des allégories, des peintures d’histoire, des
satires et des portraits, des animaux, des paysages,
des vues topographiques et des fermes. Il
brille par la variété de ses inventions et le soin
apporté à leur exécution. Les collections françaises
conservent de belles compositions de sa
main, et le mérite revient à Albert Pomme de
Mirimonde de les avoir rassemblées au sein
d’un article et d’avoir ainsi attiré l’attention
sur cet artiste[1].
Aujourd’hui peu connu du grand public,
Cornelis connaît de son vivant une certaine
notoriété, grâce au caractère fantasmagorique
de ses nombreuses oeuvres. Van Dyck nous a
laissé un portrait de lui dans sa fameuse Iconographie
des hommes illustres. Le troisième état
de cette gravure, légendé de façon très explicite
: Hollandus pictor noctium phantasmatum,
« Peintre hollandais de fantômes nocturnes »[2],
témoigne de cette réputation particulière.
Saftleven est l’auteur de nombreuses études
d’une grande variété, et ce depuis le début de
sa carrière, comme l’atteste un dessin daté de
1626[3]. Exécutées surtout à la pierre noire et au
lavis – parfois rehaussées de blanc, comme à
Grenoble, à la sanguine ou au crayon huile[4] –
elles ont pour sujet des hommes et des femmes
debout ou allongés, dormant ou jouant d’un
instrument de musique. Schulz pense que ces
études sont préparatoires à des peintures. La
plus célèbre d’entre elles est sans doute l’étude
d’un Chasseur endormi datée de 1642[5], qui a
servi à la réalisation d’un tableau peint en collaboration
avec son frère Herman.
Les dessins de Cornelis Saftleven peuvent également
être destinés à la vente, comme l’indique
la présence des beaux monogrammes et de
la datation de 1653, inscrits sur le recto de la
feuille présentée ici. Ce dessin atteste aussi l’intérêt
de l’artiste, au début des années 1650, pour
les sujets rustiques. En effet, de nombreuses
scènes de campagne comprenant des paysans
et des animaux apparaissent dans ses peintures
comme dans ses dessins de cette période.
[1] Mirimonde, 1961, p. 197-206.
[2] Voir Mauquoy-Hendrikx, 1991, I, n°90.
[3] Amsterdam, Rijksprentenkabinet, Inv. n°RP-T-1948-411.
[4] Voir notamment une surprenante Étude de nu, vente Paris, Artcurial, 10 avril 2013, n°14, repr.
[5] Boston, collection Abrams.
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