Jeunes filles jouant avec une souricière

Pierre-Martin BARAT
XVIIIe siècle
28,8 x 22,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus ; entré au musée avant 1884

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Comme tous les cabinets de dessins, celui du musée de Grenoble possède ses raretés. Cette feuille, annotée Barat, en est l’une des curiosités. De grandes dimensions, l’œuvre utilise la technique aux trois crayons de Watteau dans une manière un peu lourde, proche de Boucher. Le sujet, une scène de genre, montre un de ces jeux d’enfants dont le XVIIIe était si friand. Sans son inscription il aurait été totalement impossible de retrouver la paternité de ce dessin qui est, depuis sa publication dans le catalogue de 1891, l’unique feuille connue de Pierre-Martin Barat.
Elève de Portail et de Boucher, dont on note sensiblement l’influence ici, Barat est un peintre et pastelliste, né à Paris. De récentes recherches ont permis à Neil Jeffares de préciser la biographie et la carrière de cet artiste . Travaillant pour la Dauphine et Mesdames, filles de Louis XV, il réalise dans les années 1750 des portraits au pastel avec une technique de fixation qui les rend « aussi solide que la peinture à l’huile en conservant même le coloris brillant et la fraîcheur naturelle des couleurs »[1] . Mentionné à Marseille en 1759, il est en 1771, après un séjour en Espagne, professeur à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. En 1775, Barat est auprès de Voltaire à Fernay. Le philosophe fait part de ce séjour dans sa correspondance avec l’impératrice Catherine II : « un très bon peintre, nommé Barat, arrive chez moi : il me trouve écrivant devant votre portrait ; il me peint dans cette attitude, et il a l’audace de vouloir mettre cette fantaisie aux pieds de Votre Majesté Impériale ; il l’a encadré et la fait partir. Je ne puis que vous supplier de pardonner la témérité de ce peintre. C’est un homme qui d’ailleurs a le talent de faire en un quart d’heure ce que les autres ne feraient qu’en huit jours. Il peindrait une galerie en moins de temps qu’on y donnerait le bal. Il a surtout l’art de faire parfaitement ressembler. [...] [2] » . Peu après cet épisode, en 1778, Barat est à Nîmes où il demeure jusqu’à la fin de sa vie en tant que peintre de la ville.
D’autres dessins du musée portent des inscriptions en lien avec des artistes rares ou très peu connus. Nous signalons ici trois d’entres eux : Jeune femme lisant une lettre [3] signée "Duche" ; une scène avec des Femmes priant autour d’un martyr[4], portant le nom de "Perseval" , et enfin un très bel Autoportrait (?) du peintre et miniaturiste Jean-Laurent Mosnier [5] (1743/44-1808) .


[1] Affiches de Lyon, 13 juin 1759, cité par Jeffares, 2006.
[2] Lettre du 28 juin 1775, cité par Jeffares, 2006.
[3] MG D 195. Médaillon, mine d’argent, H. 18.1 ; L. 13.5. Inscriptions : à la mine de plomb, "Duche. 1777. fec". Pourrait être un dessin du portraitiste Gaspard Duché de Vancy, actif en France, en Pologne et en Angleterre dans les années 1780.
[4] Fiche n° 194, Femmes priant autour d’un martyr, Pierre noire, H. 22.8 ; L. 16.5. Inscriptions : "Perseval" en bas à gauche. Attr. : "Perseval (de Reims ?) Ecole française du XVIIIe s". Comme l’indique l’annotation sur le montage, ce dessin pourrait être mis en rapport avec l’œuvre d’un membre d’une famille d’artistes de Reims, actifs au XVIIIe siècle et dont le musée de cette ville conserve quelques peintures, signées de Nicolas Perseval (1745-1837).

[5] MGD 1553. V° Portrait du peintre Mosnier, R° Portrait de femme, graphite, H. 9,1 ; L. 8,7. Inscriptions : au recto : "fait à Hambourg en 1797 ou 98", en h. et "Mr Mosnier de Paris peintre 23", en b. au c.

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