Sans titre

Daniel DEZEUZE
1977
428 x 108,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Yvon Lambert en 1991

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Membre fondateur, en 1970, de Supports/Surfaces, Daniel Dezeuze pose avec le groupe la question du devenir de la peinture et de son rôle dans la société capitaliste. Parallèlement à une activité théorique importante, il travaille alors à la mise à nu du tableau et, ce faisant, à une certaine démystification de la peinture, une démarche initiée au demeurant dès 1967 avec ses premiers Châssis (un châssis de bois présenté tel quel, appuyé contre le mur) et poursuivie au début des années 70 avec les Échelles (constituées de lamelles de bois souples) et, à partir de 1975, avec les Triangulations et les Colombages. Ces œuvres, dont la visée première est semble-t-il de ponctuer le vide, de le structurer, de le rythmer, révèlent en même temps la nature de l’espace dans lequel elles se déploient, le mettant en scène, en perspective. Dezeuze a ensuite développé une recherche alliant ses préoccupations d’ordre formel aux domaines de l’objet, de la nature et de l’architecture, bâtissant au fil des décennies une des œuvres les plus originales de la scène artistique française.
Fixée au mur à mi-hauteur et reposant au sol en rouleau, cette œuvre qui appartient à la série des Échelles passe insensiblement de deux à trois dimensions, affirmant ainsi sa présence dans l’espace. Comme le dit l’artiste : « Les échelles ont une dimension volumétrique : elles sont suspendues, mais au sol, elles se roulent. Au mur ce sont des grilles carrées, au sol elles deviennent cercles. Il y a transformation des carrés en cercles et inversement. » Haut-relief à géométrie variable, il se situe à mi-chemin entre la peinture et la sculpture, et pose de fait la question des limites entre ces deux genres. Sa structure apparaît comme une extrapolation de celle du châssis mais peut aussi évoquer la technique de la mise au carreau ou encore certaines constructions modulaires de l’art minimal, censées être répétées à l’infini. Sa fragilité intrinsèque et sa légèreté préservent cependant son apparence de « dessin dans l’espace », et les interventions colorées, réalisées au brou de noix, confèrent au schéma rigide de la grille une vibration subtile et délicate.

Un autre regard

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