Sans titre

Membre fondateur, en 1970, de Supports/Surfaces, Daniel Dezeuze pose avec le groupe
la question du devenir de la peinture et de son
rôle dans la société capitaliste. Parallèlement
à une activité théorique importante, il travaille
alors à la mise à nu du tableau et, ce faisant,
à une certaine démystification de la peinture,
une démarche initiée au demeurant dès
1967 avec ses premiers Châssis (un châssis
de bois présenté tel quel, appuyé contre le
mur) et poursuivie au début des années 70
avec les Échelles (constituées de lamelles de
bois souples) et, à partir de 1975, avec les
Triangulations et les Colombages. Ces œuvres,
dont la visée première est semble-t-il de
ponctuer le vide, de le structurer, de le
rythmer, révèlent en même temps la nature
de l’espace dans lequel elles se déploient, le
mettant en scène, en perspective. Dezeuze a
ensuite développé une recherche alliant ses
préoccupations d’ordre formel aux domaines
de l’objet, de la nature et de l’architecture,
bâtissant au fil des décennies une des œuvres
les plus originales de la scène artistique
française.
Fixée au mur à mi-hauteur et reposant au sol en
rouleau, cette œuvre qui appartient à la série des
Échelles passe insensiblement de deux à trois
dimensions, affirmant ainsi sa présence dans
l’espace. Comme le dit l’artiste : « Les échelles
ont une dimension volumétrique : elles sont
suspendues, mais au sol, elles se roulent. Au mur
ce sont des grilles carrées, au sol elles deviennent
cercles. Il y a transformation des carrés en
cercles et inversement. » Haut-relief à géométrie
variable, il se situe à mi-chemin entre la peinture
et la sculpture, et pose de fait la question des
limites entre ces deux genres. Sa structure
apparaît comme une extrapolation de celle du
châssis mais peut aussi évoquer la technique
de la mise au carreau ou encore certaines
constructions modulaires de l’art minimal,
censées être répétées à l’infini. Sa fragilité
intrinsèque et sa légèreté préservent cependant
son apparence de « dessin dans l’espace », et
les interventions colorées, réalisées au brou de
noix, confèrent au schéma rigide de la grille une
vibration subtile et délicate.
Un autre regard
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Peinture abstraite, deuxième moitié du XXe siècle
Après 1945, l’expression abstraite change radicalement d’aspects et d’intentions.
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