Un Taureau

L’auteur du dessin, Jan Baptist II Kobell, est
membre d’une grande famille de peintres, actifs
entre la seconde partie du XVIIIe siècle et le début
du XIXe siècle, et séparée en deux branches distinctes,
l’une allemande et l’autre hollandaise.
Les Kobell hollandais sont aujourd’hui bien
moins connus que leurs cousins germaniques.
Jan Baptist II est appelé le « Kobell d’Utrecht »
pour le distinguer de son cousin germain Jan
Baptist I Kobell, dit le « Kobell de Rotterdam,
peintre de marines et de portraits ». Fils du
peintre de marines Hendrik Kobell, Jan Baptist
II grandit dans l’orphelinat des Jansénistes
à Utrecht à la suite de la mort précoce de ses
parents. Il le quitte en 1801. Van der Kellen
rappelle qu’il peignait « comme témoignage de
reconnaissance envers ses bienfaiteurs […] sur
les tentures de la salle des régents ou administrateurs
de l’orphelinat, des scènes de l’Ancien
et du Nouveau Testament »[1].
Peintre, dessinateur et graveur, spécialisé dans
les scènes animalières et les paysages, il entre
dans la guilde des peintres d’Utrecht en 1805,
après une première formation chez le peintre
Willem Rutgaart van der Wall. Il décore aussi
des faïences et des porcelaines de sujets animaliers
mais ces oeuvres, citées par les sources, ne
sont plus connues aujourd’hui.
Entre 1810 et 1812, Jan Baptist II séjourne à
Paris et copie le fameux Jeune taureau de Potter
conservé aujourd’hui au Mauritshuis[2] à
La Haye. Deux dessins rehaussés de couleurs
sont conservés au Teylers Museum à Haarlem
et témoignent bien de cette admiration[3]. Cette passion pour Potter est partagée par d’autres
artistes de sa génération comme Dasveldt
(MG D 745). Le roi de Hollande entre 1806 et 1810,
Louis Bonaparte, cite de manière élogieuse
Kobell dans son roman à caractère autobiographique
Marie ou les peines de l’Amour[4] et
toutes les grandes collections accueillent ses
oeuvres. En 1812, à la fin de son séjour français,
Kobell reçoit pour un paysage avec animaux
une médaille d’or au Salon.
Le Taureau est un bel exemple de son art qui se
distingue tout particulièrement dans la représentation
des bovins vus en pied. On trouve
dans l’oeuvre gravé de Jan Baptist II – en tout
douze pièces – une eau-forte très similaire
intitulée Le Boeuf qui boit[5] et on peut aussi citer
de nombreuses autres peintures de sa main[6].
L’artiste est très varié dans ses techniques :
dans la feuille de Grenoble, il utilise la pierre
noire, la sanguine et le lavis.
Le dessin fut donné en 1877 au musée de Grenoble
par le célèbre paysagiste dauphinois Jean
Achard. Cet ami de Boudin, de Jongkind et de
Claude Monet, est un observateur précis de
la nature et c’est sans doute le réalisme sans
concession de ce dessin qui l’a intéressé.
[1] Van der Kellen, 1866-1873, p. 198. Les oeuvres sont datées de 1795 et 1798.
[2] Mauritshuis, Inv. 136.
[3] Schwartz, 2004, n°243-244, repr.
[4] Marie ou les peines de l’amour, vol. II, sans lieu, juin 1812, p. 336. Louis Bonaparte y mentionne Kobelt (sic) d’Utrecht, habile peintre de paysage et dit qu’il imite Potter.
[5] Van der Kellen, 1866-1873, p. 201, repr.
[6] Boeufs dans le pré, Amsterdam, Rijksmuseum, Inv. A. 1061.
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