L'Echelle de Jacob

Alexandre LAEMLEIN
1847
455 x 325 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat par l'Etat en 1871.
Dépôt au Musée de Grenoble en 1875.
Localisation :
SA17 - Salle 17

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Cet artiste d’origine allemande entre à l’école des beaux-arts de Paris en 1829 mais il lui faut attendre sa naturalisation en 1835 pour se présenter aux concours, comme élève de Picot. Sa carrière est celle d’un peintre de Salon, recevant plusieurs récompenses qui lui valent quelques commandes de l’État. Ses œuvres, à l’iconographie savante et nourrie de symboles, empruntent leurs thèmes à l’histoire religieuse ou la mythologie, comme dans cette monumentale Vision de Jacob exposée aux Salons de 1847 et de 1855, qui est sans doute son chef-d’œuvre. L’épisode, décrit dans la Genèse, raconte l’histoire du patriarche Jacob fuyant son frère Ésaü. Alors que Jacob est endormi, il rêve qu’une échelle relie la terre au ciel et que Dieu le Père, environné d’anges, descend les marches et lui promet sa protection, pour lui et ses descendants. Fidèle au texte, Laemlein met l’accent sur les figures de Jacob, couché au premier plan, et de Dieu le Père, au centre de la composition. La lumière qui descend du ciel plonge dans la grisaille et l’obscurité le reste des protagonistes. Chaque personnage est minutieusement étudié dans des dessins préparatoires d’une grande virtuosité. Les anges aux poses maniérées, la touche brossée largement, les couleurs entre rouge acidulé et nuances verdâtres savamment distribuées, le paysage romantique, tout se combine pour conférer à l’œuvre une atmosphère dramatique et irréelle qui déroute la critique de l’époque. Théophile Gautier, dans son Salon de 1847, ne sait dans quelle chapelle ranger l’artiste. Il voit dans ce tableau « une certaine crânerie strapassée, et un certain goût, contourné, demi-florentin, demi-rococo, saupoudré d’un peu de Cornélius, qui ne manquent pas d’effet et de ragoût. » Quant à Paul Manz, il s’interroge : « Pourquoi la couleur me force-t-elle […] à ranger Monsieur Laemlein parmi les peintres de chimères ? » Acheté par l’État à la dispersion de l’atelier de l’artiste, mort dans la misère à la suite des privations de la guerre de 1870, ce tableau est déposé à Grenoble en 1875.

Un autre regard

  • La peinture d'histoire au XIXe siècle

    Le XIXe est le siècle des paradoxes où se côtoient les tendances les plus novatrices et les retours permanents vers les formes du passé, où s’exprime la nostalgie de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance parfois de manière réaliste, précise et appliquée.

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