Sans titre

Fred SANDBACK
1968 - 1983
98 x 348 x 22,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Durand-Dessert en 1988

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À propos de sa toute première sculpture réalisée en 1966, un volume rectangulaire posé au sol dont seules les arêtes étaient matérialisées par de la cordelette et du fil de fer, Fred Sandback déclare en 1986 : « Cela me permettait de jouer avec quelque chose qui à la fois existait et n’existait pas. » Sandback a étudié de 1962 à 1969 à l’université de Yale, d’abord la philosophie, puis l’art et l’architecture à partir de 1966. Le jeune étudiant est marqué par deux professeurs invités en 1967, Donald Judd et Robert Morris, la scène artistique américaine étant à l’époque dominée par le courant minimaliste. Sandback, cependant, ne se définit pas comme artiste minimaliste. Tandis que Judd ou Carl Andre créent des objets qui s’imposent par leur présence physique, Sandback libère l’objet minimaliste de sa masse, donnant à voir le vide et la lumière qui le composent. À partir de 1967, il réalise des « sculptures ouvertes », dont le volume est suggéré par la présence de fils de laine colorée ou d’élastiques tendus entre le sol, le plafond et les murs de l’espace d’exposition. Pour de nombreuses œuvres, comme celle conservée au musée, ce sont de fines tiges d’acier peint qui rendent perceptibles des formes géométriques simples – ici quatre parallélépipèdes pour lesquels l’artiste utilise un principe modulaire de répétition caractéristique de l’art minimal. Seuls quelques plans sont matérialisés par les tiges métalliques, le sol et le mur en définissant deux autres. En évacuant la densité, Sandback crée une sculpture au volume impalpable et à la transparence parfaite. Le paradoxe de l’œuvre est que le visiteur peut appréhender de façon immédiate la forme précise et ses limites, limites qui en même temps n’en sont pas puisque l’espace intérieur de l’objet se confond avec l’espace d’exposition. Avec une grande économie de moyens, ses matériaux étant réduits à la ligne et au vide, Sandback réalise une sculpture à la présence discrète mais bien réelle. À ce qui s’apparente à un dessin dans l’espace, le sculpteur adjoint une couleur légère, bleu pâle, qui en fait une œuvre ténue, toute de fragilité et de poésie.

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