Muse jouant de la basse viole (tournée vers la droite)
[Notice commune aux MG 630-1 et MG 630-2 ].
Entrées dans les collections en 1874 avec les premiers dessins donnés par Léonce Mesnard, ces deux feuilles, reproduites ici pour la première fois, portent une inscription en lettres capitales qui en a conservé l’attribution à Luca Penni[1] . Artiste Florentin, Penni occupe, aux côtés de Rosso et de Primatice, une place importante dans le paysage artistique français du XVIe siècle dominé par les Italiens . Actif sur le chantier de Fontainebleau, Luca est attesté ensuite à Paris au début des années 1550. Malgré la perte de la presque totalité de ses peintures , un ensemble relativement important de dessins et de gravures[2] a permis une reconstruction progressive de son œuvre.
Préparatoires à deux burins[3] exécutés par l’atelier de René Boyvin (v. 1525/30-après 1595), les deux feuilles de Grenoble ont appartenu au célèbre connaisseur d’estampe Robert-Dumesnil dont les recherches constituent encore aujourd’hui une source incontournable pour l’étude de la gravure française. Dans le chapitre qu’il consacre à Boyvin, Robert-Dumesnil mentionne les deux gravures et ajoute : « Nous avons possédé les dessins originaux de ces deux estampes, qui étaient signés L. Pennis, d’une écriture fort semblable à celle de René Boyvin ».
Ces deux figures de musiciennes présentent toutes les caractéristiques du type féminin développé par les Italiens de la première école de Fontainebleau : un visage ovale et schématique surmonté d’un chignon orné de bijoux, un long nez aligné sur le front, un corps allongé et massif construit par masses et une petite poitrine placée assez haut. La technique graphique incisive, les raccourcis suggérés par des lignes et des ombres légères, l’élégance massive et un peu sèche des figures sont autant de caractéristiques propres à l’art de Penni. Ce dernier se montre insensible à la puissance expressive du Rosso et emploie un langage formel qui s’inscrit dans la lignée des créations plus décoratives de Primatice. Ses personnages sont toutefois plus massifs et ses compositions plus denses que celles de son illustre contemporain[4].
Les dimensions des dessins et des estampes étant les mêmes, il est fort probable que ces œuvres aient été directement destinées à la gravure. Comme l’a autrefois souligné Sylvie Béguin, il est encore difficile de savoir si ces gravures reproduisent des dessins, des peintures ou des modèles destinés à des tapisseries ou des émaux.
[1] Attribution confirmée par Dominique Cordellier (annotation manuscrite au dos du montage).
[2] L’œuvre de Penni a été apprécié aussi bien par des graveurs français qu'étrangers et a connu de ce fait une importante diffusion. En France, ses principaux graveurs sont Léon Davent, Jean Mignon, Etienne Delaune et René Boyvin. Parmi les étrangers, nous pouvons citer l’Italien Giogio Ghisi et le Flamand Philippe Galle.
[3] Burin, H. 14 et 14.3 ; L. 22.8 et 23. 2. Sans date et signature. Paris, BNF, Ed 3, t. 1.
[4] Les quelques tableaux conservés de Penni comme les Dépositions des musées de Lille et de la cathédrale d'Auxerre, La Justice d'Othon du Louvre ou la Vénus de Breuilhamenon du musée de Bourges présentent les même particularités. Nous signalons ici l'existence d'une peinture représentant Suzanne et les vieillards (vente, Paris, Tajan, 22 juin 1999, n°38) traditionnellement présentée comme attribuée à Jan Massys. L’œuvre, de facture flamande, dérive directement d'une gravure de René Boyvin.
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