Diane et ses nymphes

John Michael RYSBRACK
XVIIIe siècle
40,5 x 28,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Jean Marie Léonce Mesnard en 1874

Voir sur navigart

Le dessin de Grenoble était conservé avec son pendant, disparu aujourd’hui, dans la prestigieuse collection de William Esdaile (1758- 1837) sous le nom du paysagiste flamand Pieter Rysbrack. L’oeuvre revient en fait à son fils John Michael, célèbre sculpteur d’origine flamande actif en Angleterre au XVIIIe siècle. Formé à Anvers chez Michael van der Voort, Rysbrack, qui demeure peu connu sur le continent, travaille dès 1720 à Londres comme sculpteur et y atteint une grande renommée. Ses portraits sculptés et ses bustes ainsi que ses oeuvres antiquisantes font fureur auprès de la noblesse anglaise. Ses cheminées très variées, décorées de bas-reliefs, oscillent entre la sobriété palladienne et le baroque romain. Rysbrack exécute des monuments funéraires pour Westminster Abbey et la tombe du premier duc de Marlborough à la chapelle de Blenheim, en collaboration avec William Kent. Son chef-d’oeuvre est un grand Hercule de 1756 acquis par Sir Richard Hoare (Stourhead, Wiltshire).
Le sculpteur est aussi un dessinateur original, utilisant une technique facilement reconnaissable. Préparant ses dessins sur un papier vergé beige à la plume et à l’encre brune, il les retravaille ensuite au lavis gris et ocre et les rehausse de gouache blanche. Certaines feuilles sont préparatoires à des tombeaux comme les trois projets dessinés à Plymouth[1], provenant de l’ancienne collection de son ami, l’amateur Charles Rogers (1711-1784)[2].
Le dessin de Grenoble, le plus beau dessin de Rysbrack en France, appartient à un groupe d’oeuvres que Charles Rogers définit ainsi, dans son livre Prints in Imitation of Drawings paru à Londres en 1778 : « From time to time, he would amuse himself with making high-finished Drawings in an admirable taste : there are generally of his own invention, designed with a smart pen, washed with bister and heightened with white. This Amusement he continued to the last days of his life and at his I found him employed when he had scarcely strength to rise from his chair[3]. » D’autres dessins du même genre sont passés en vente ces dernières années, par exemple un Moïse sauvé des eaux[4] ou encore un Jugement de Pâris[5]. Il est difficile de les dater et cette remarque vaut aussi pour la feuille exposée ici. Notons que de nombreux bas-reliefs de l’artiste pour des cheminées sont très proches de ces dessins, au point que l’on aurait pu voir en Diane et ses nymphes à la chasse une oeuvre préparatoire pour l’un d’eux. Rysbrack est aussi connu pour sa très belle collection de dessins anciens (L. 1912), notamment italiens, dispersée dans plusieurs ventes après sa mort. On y trouvait aussi bien des dessins de sa main que des objets d’art et des sculptures.


[1] Plymouth, The City Museum and Art Gallery.
[2] Voir cat. exp. Londres, 1979, n°41, 58 et 62.
[3] Voir Rogers, 1778, II, p. 228. Traduction française : « De temps en temps, il s’amuse à produire des dessins aboutis d’un goût admirable : ils sont généralement de son invention et sont tracés à la plume, lavés de bistre et rehaussés de blanc. Il s’est adonné à ce passe-temps jusqu’aux derniers jours de sa vie et c’est à cela que je le trouvais occupé quand il avait à peine assez de force pour se lever de son fauteuil. »
[4] Vente Londres, Christie’s, 20 mars 1990, n°98.
[5] Vente Paris, Drouot, 20 novembre 1992, n°9

Découvrez également...