Hannibal contre les Romains

Peintre rare, Verdier est un dessinateur prolixe. Les grandes collections publiques d’arts graphiques (Louvre, Ermitage, Vienne…) possèdent toutes d’importants ensembles de ses dessins. Ces derniers peuvent se diviser en deux catégories : les études de figures et les « dessins finis » de composition. C’est par la nature même de cette dernière catégorie que Verdier se démarque de ses contemporains. En effet au XVIIe siècle, hormis l’exemple assez marginal de Raymond La Fage (MG D 1229
), le dessin autonome n’est pas encore beaucoup pratiqué. Les feuilles sont en général réalisées soit à titre d’étude soit à titre préparatoire. Les dessins les plus achevés sont souvent destinés à être gravés. De la grande masse des dessins finis de Verdier conservés aujourd’hui, il n’y a qu’une très faible partie qui peut être mise en relation avec des estampes. Ce sont probablement les facilités de Verdier mais aussi ses problèmes financiers[1] qui ont été à l’origine de cette production aussi abondante qu’originale. Comme nous le rapportent les catalogues de ventes du XVIIIe et du XIXe siècle, l’artiste pouvait développer certaines histoires comme celles d’Alexandre ou de Scipion dans des cycles de plus de trois cents dessins. Ces cycles dessinés ont souvent été démantelés et l’épisode de l’histoire d’Hannibal que possède le musée de Grenoble provient certainement de l’un d’entre eux. Si les dessins de Verdier sont très nombreux, il est assez rare de trouver des ensembles encore en mains privées et demeurés presque complets.
C’est souvent dans ces scènes de batailles, que Verdier a multiplié, qu'il se montre le plus proche de ses grands modèles : Charles Le Brun, son oncle, dont il recycle abondamment les grandes Batailles d’Alexandre peintes pour Louis XIV et Jules Romain, dont la Tenture de Scipion est alors retissée sous l’impulsion de Le Brun à plusieurs reprises à la manufacture des Gobelins.
[1] Tous ses biographes comme Dezallier d’Argenville et Mariette rapportent le grand dénuement financier dans lequel vit l’artiste durant ses dernières années. Dézallier d’Argenville précise qu’il faisait alors commerce de ses dessins pour subsister.
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