Meurtre n°2

Jacques MONORY
1968
228,5 x 196 x 3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Maeght en 1978

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Au début des années 60, alors que la scène artistique est dominée par l’abstraction, une nouvelle génération d’artistes réinvestit le langage figuratif. C’est ainsi qu’en 1962, à la suite de la découverte du Pop art, Jacques Monory abandonne sa profession de graphiste et détruit tous ses tableaux abstraits pour peindre de manière réaliste. En 1964 et 1965, il participe à deux expositions devenues mythiques, organisées par le critique Gérald Gassiot-Talabot, Mythologies quotidiennes et Figuration narrative, qui réunissent des peintres comme Erró, Bernard Rancillac et Hervé Télémaque. Dans un climat international tendu, ces artistes témoignent des bouleversements du monde contemporain dans un langage pictural qui emprunte à l’univers des médias et de la bande dessinée. Passionné de cinéma, Monory utilise la technique du report photographique, projetant sur la toile des clichés souvent tirés de films noirs et de la télévision, qu’il combine à ses souvenirs ou à ses rêves. Dans l’impressionnante série des vingt-cinq Meurtres, le peintre mêle réalité autobiographique et fiction, en jouant de la juxtaposition et du télescopage d’images tronquées, introduisant dans la peinture une temporalité et une atmosphère de suspense propres au langage cinématographique. Tel le héros des films de son enfance, l’artiste apparaît dans le rôle de l’homme abattu par un coup de revolver dans chaque tableau de la série, à l’exception des derniers, où il est sauvé et devient tueur à son tour, la peinture opérant une catharsis.
Dans Meurtre n°2, l’effet chronophotographique de décomposition du mouvement ainsi que le basculement des images lui permettent de mettre en scène la brutalité de la chute, un de ses thèmes de prédilection. La violence du meurtre est renforcée par un décor de carreaux froids et de néons. Devenue l’emblème de l’œuvre, la monochromie bleue agit quant à elle comme une mise à distance, « un écran pare-balles » ou un voile, celui du rêve. L’artiste s’en est expliqué en ces termes : « Le bleu est en adéquation avec ce que je veux dire, que le monde est assez effroyable, mais que peut-être il n’est qu’une illusion. »

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