Bois

Originaire du Gard, Toni Grand commence son apprentissage de la sculpture au tout début des années 60 comme assistant de Marta Pan à Paris. Sa carrière se déroule par la suite dans le Sud de la France, dans un relatif isolement et loin des grandes scènes artistiques. Si ses premières œuvres explorent des matériaux industriels comme le plomb, l’acier et le polyester, il élit bientôt le bois comme matière privilégiée de ses expérimentations : « Pas un beau morceau de bois, pas un morceau riche avec une histoire compliquée, mais un morceau, quelque chose de largement suffisant pour amorcer quelque chose. » Un temps proche du mouvement Supports/Surfaces, participant à l’exposition du groupe au théâtre de Nice en 1971, il tente de déconstruire la sculpture traditionnelle, en analysant patiemment le matériau et ses transformations pour parvenir au façonnage d’une forme. Le bois, « facile d’accès, informe », a en outre la capacité de rendre lisible les gestes du sculpteur, ses remords et ses changements de décision.
Bois, de 1975, est une arche faite de frêne, dressée en équilibre contre un mur et dont les bases reposent sur le sol selon un écartement précisément calculé. Plus qu’une indication technique, la mention « Bois vert, équarri, aminci, courbé » précisée par l’artiste dans la lettre d’acquisition, est comme un « récit de l’origine » de l’œuvre où toutes les opérations effectuées pour parvenir de la matière première à la forme sont énoncées dans l’ordre. Le tronc d’arbre taillé en poutre massive devient ainsi, par la seule intervention humaine, une feuille de bois flexible et malléable qui se courbe et se déforme à son sommet pour retomber de l’autre côté. Le musée possède une autre œuvre de l’artiste, _Bois _, de 1973, en deux éléments, « bois brut, refentes partielles, glissé », qui montre deux troncs d’arbres bruts (des cyprès de Provence) partiellement débités en planches et disposés selon des arrangements différents, l’un linéaire et l’autre en drapeau.