Sans titre

« J’ai peint, de 1965 à 1968, des bandes
horizontales, de couleur unique, de 38 cm
de largeur, qui alternaient avec les bandes
(de mêmes dimensions, blanches) de la toile
protégée de la projection de peinture (bombe ou
pistolet) par un pliage préalable, puis rendues
apparentes par le dépliage. Ce travail fut
strictement répété de 1965 à 1968, la couleur
ne changeant pas arbitrairement d’une année
sur l’autre que pour ne pas se charger d’une
signification préférentielle ou symbolique. Cette
description dit tout du produit-peinture dont
je fus l’auteur. » C’est en ces termes que Michel
Parmentier expliquera sa démarche dans une
lettre adressée en 1972 à François Mathey. En
janvier 1967, au Salon de la jeune peinture à
Paris, Parmentier exposait aux côtés de Daniel
Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni sous
l’appellation BMPT, les initiales de leurs noms.
Les quatre artistes ne souhaitaient pas fonder
un mouvement pictural, mais manifester une
posture radicale dont le but était de démystifier
l’art : « L’art est illusion de dépaysement, illusion
de liberté, […] illusion du sacré […]. L’art est
distraction, l’art est faux. » À travers le degré de
réduction extrême du langage pictural, le groupe
marque l’abandon délibéré de toute sensibilité
et le refus de communiquer le moindre message,
chacun des artistes produisant des peintures à
partir de la répétition systématique d’une forme
ou d’un geste : bandes verticales pour Buren,
cercles pour Mosset, bandes horizontales pour
Parmentier et empreintes du pinceau pour
Toroni. Le tableau ne représente plus que sa
propre réalité matérielle, une toile, des pigments
et des formes.
Michel Parmentier réalise d’abord ses premières
peintures à bandes horizontales en utilisant du
ruban adhésif pour délimiter les plages à peindre.
Cherchant une méthode plus mécanique et plus
efficace, il emprunte à Simon Hantaï la technique
du pliage qu’il systématise dès 1965. La radicalité
de sa démarche le pousse à cesser de peindre
en 1968. Le musée de Grenoble possède un
ensemble exceptionnel de trois toiles de 1966
(bleue), 1967 (grise
) et 1968 (rouge
), ainsi qu’une
toile de 1984 (noire
), peinte un an après la reprise
d’une œuvre d’une cohérence absolue.
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