Store vert

Claude VIALLAT
1976
211 x 531,3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Jean Fournier en 1976

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De tous les artistes du mouvement Supports/ Surfaces, Claude Viallat est celui qui, sans nul doute, s’est tenu avec constance au plus près du credo du groupe. Au cours des années 60, il amorce comme ses compagnons Patrick Saytour, Daniel Dezeuze et Henri Valensi, originaires du sud de la France, un processus de déconstruction systématique de la peinture traditionnelle et une mise à plat de ses constituants : la toile, le châssis, la surface et le support. Brièvement associé au groupe de 1970 à 1971 au moment de son exposition historique à l’ARC (Musée d’art moderne de la Ville de Paris), Viallat avait mis au point dès 1967 un système formel qu’il ne quittera plus. Il se souvient alors de la tradition méditerranéenne qui consistait à blanchir les cuisines à l’aide d’une éponge trempée dans de la chaux : le motif de l’osselet, si caractéristique de l’artiste, trouve son origine dans cette pratique. Ses maîtres mots seront alors scansion régulière, fond neutre et choix d’une gamme colorée restreinte. La peinture de Viallat colonise dès lors tous les supports et tous les espaces. Toiles, sacs, draps et rideaux sont constamment marqués de son empreinte. « Toutes mes toiles sont un fragment de quelque chose qui se continue. C’est un peu comme s’il n’y avait qu’une seule énorme et immense toile idéale, et que je coupe dans cette toile des fragments. » Store vert appartient à ces compositions réalisées entre 1976 et 1978, dont la répétition formelle tient compte des variations de facture du support. Les coutures du store, qui flotte telle une toile libre, dictent l’ordonnancement. Store vert présente le motif de Viallat répété ad libitum sur une immense surface de plus de cinq mètres. Le vert occupe toute la surface mais il est modulé par de subtils rehauts de blanc. On retrouve ici les composantes inchangées de l’art de Viallat : sa fascination pour l’œuvre de Matisse, celui de L’Atelier rouge (1911) et de l’_Intérieur aux aubergines _ (1911), son goût pour la couleur et ses modulations, le choix d’un espace non illusionniste et la place de l’empreinte et de l’arabesque. Dès 1962, fasciné par la peinture américaine découverte dans les galeries parisiennes, celle de Robert Rauschenberg, Mark Rothko, Kenneth Noland et Morris Louis, Viallat s’était orienté vers une peinture abstraite fondée sur l’envahissement du champ pictural et la sensualité de la couleur. C’est cette aventure picturale qu’il poursuit encore aujourd’hui.

Un autre regard

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