Join

Brice MARDEN
1973 - 1975
183 x 305 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Yvon Lambert en 1973
Localisation :
SA43 - Salle 43

Voir sur navigart

Issu de la seconde génération des peintres de l’expressionnisme abstrait, Brice Marden se détache de la gestuelle expressive pour couvrir la surface de la toile par des grands champs colorés (color field), à l’instar des artistes de l’École de New York qui ont ouvert cette voie dans les années 50, Mark Rothko, Barnett Newman ou encore Ad Reinhardt. Au début des années 60, à l’Université de Yale, il suit les cours sur la couleur de Josef Albers qui lui inspirent sa recherche sur la vibration colorée d’une palette sourde associée à un format rectangulaire. En 1964, nourri également de la découverte de l’œuvre de Jasper Johns, il commence à peindre des monochromes selon le procédé du all over pour aboutir à partir de 1965 à l’idée d’une composition faite de plusieurs panneaux verticaux, maintenus bord à bord et recouverts chacun d’une teinte distincte, qu’il organise en diptyques ou en triptyques, créant ainsi une relation active entre les plans colorés.
Avec Join, Brice Marden juxtapose trois toiles rectangulaires dont les dimensions varient selon les tonalités employées. La largeur de la toile de gauche est égale à l’addition de celles des deux autres, et son ton gris-bleu est un mélange subtil des deux autres couleurs, plus contrastées. Une sensation d’unité en résulte. « Je réalise des tableaux composés d’un, deux ou trois panneaux. Je travaille sur chaque panneau à tour de rôle jusqu’à ce que j’obtienne une couleur qui retienne solidement le plan. Puis je passe à un autre panneau et cherche une couleur qui, tout en le retenant, institue un rapport intéressant avec les autres panneaux. Je m’attaque alors au troisième, en quête d’une teinte qui rassemble l’ensemble des plans en une même surface porteuse de signification esthétique. » Appliquée par couches successives, la peinture n’est pas absorbée par les fibres de la toile mais, à l’inverse, constitue un volume-écran qui s’impose par sa présence physique. L’ajout de cire à l’huile et aux pigments accentue le caractère mat de la couleur et crée une texture veloutée. Du tableau émane une lumière qui semble contenue au cœur de la matière. Reposant sur une construction minimaliste rigoureuse et sur la présence d’une matière colorée subtile, l’œuvre de Brice Marden propose une expérience contemplative : « À mon sens, l’intensité émotionnelle de ces tableaux devrait interdire toute approche technique ou intellectuelle ; il faut les sentir, c’est tout. »

Un autre regard

Découvrez également...