Join

Issu de la seconde génération des peintres de
l’expressionnisme abstrait, Brice Marden se
détache de la gestuelle expressive pour couvrir
la surface de la toile par des grands champs
colorés (color field), à l’instar des artistes de
l’École de New York qui ont ouvert cette voie
dans les années 50, Mark Rothko, Barnett
Newman ou encore Ad Reinhardt. Au début des
années 60, à l’Université de Yale, il suit les cours
sur la couleur de Josef Albers qui lui inspirent sa
recherche sur la vibration colorée d’une palette
sourde associée à un format rectangulaire.
En 1964, nourri également de la découverte
de l’œuvre de Jasper Johns, il commence à
peindre des monochromes selon le procédé du
all over pour aboutir à partir de 1965 à l’idée
d’une composition faite de plusieurs panneaux
verticaux, maintenus bord à bord et recouverts
chacun d’une teinte distincte, qu’il organise en
diptyques ou en triptyques, créant ainsi une
relation active entre les plans colorés.
Avec Join, Brice Marden juxtapose trois toiles
rectangulaires dont les dimensions varient
selon les tonalités employées. La largeur de la
toile de gauche est égale à l’addition de celles
des deux autres, et son ton gris-bleu est un
mélange subtil des deux autres couleurs, plus
contrastées. Une sensation d’unité en résulte.
« Je réalise des tableaux composés d’un, deux
ou trois panneaux. Je travaille sur chaque
panneau à tour de rôle jusqu’à ce que j’obtienne
une couleur qui retienne solidement le plan.
Puis je passe à un autre panneau et cherche
une couleur qui, tout en le retenant, institue un
rapport intéressant avec les autres panneaux.
Je m’attaque alors au troisième, en quête d’une
teinte qui rassemble l’ensemble des plans en
une même surface porteuse de signification
esthétique. » Appliquée par couches
successives, la peinture n’est pas absorbée
par les fibres de la toile mais, à l’inverse,
constitue un volume-écran qui s’impose par sa
présence physique. L’ajout de cire à l’huile et
aux pigments accentue le caractère mat de la
couleur et crée une texture veloutée. Du tableau
émane une lumière qui semble contenue
au cœur de la matière. Reposant sur une
construction minimaliste rigoureuse et sur la
présence d’une matière colorée subtile, l’œuvre
de Brice Marden propose une expérience
contemplative : « À mon sens, l’intensité
émotionnelle de ces tableaux devrait interdire
toute approche technique ou intellectuelle ; il
faut les sentir, c’est tout. »
Un autre regard
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Peinture abstraite, deuxième moitié du XXe siècle
Après 1945, l’expression abstraite change radicalement d’aspects et d’intentions.
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