Mobile

Alexander CALDER
1970
95 x 305 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste en 1970
Localisation :
SA38 - Salle 38

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Ingénieur mécanicien formé au Stevens Institute of Technology de Hoboken (New Jersey), Alexander Calder décide de se consacrer à l’art en 1923 et s’inscrit à l’Art Student League de New York. Issu d’une famille de sculpteurs qui l’encourage très tôt à exploiter ses talents manuels, le jeune homme se démarque d’emblée par son étonnant pragmatisme et sa vision poétique et anticonformiste de l’existence. Fruit de ses pérégrinations, ses premières créations sont des croquis d’animaux où l’on décèle déjà l’ingénuité et la précision qui caractériseront l’œuvre future. « Roi du fil de fer et de la ficelle » (Gabrielle Buffet- Picabia), l’artiste s’impose sur la scène artistique parisienne en 1926 par la conception de jouets et de personnages en fil de fer – dont la célèbre Joséphine Baker (vers 1928) – et plus encore par la création de son Cirque animé (1926-1931), condensé d’imagination et de rêverie. La visite de l’atelier de Mondrian en 1931 joue comme un déclencheur sur sa production, l’ouvrant autant à l’abstraction qu’à une conception totale et spatiale de l’art. Rompu par sa double formation aux lois de la physique, Calder invente en 1933 le Mobile – l’appellation est de Duchamp –, qui vient révolutionner l’art de la sculpture, puis, en 1937, son pendant, le Stabile. Après les premières tentatives de Kobro, de Duchamp et de Man Ray, le mouvement réel anime les deux mille mobiles produits par Calder tout au long de sa carrière. Poétiques, parfois motorisés, constitués de sphères de bois d’abord puis d’éléments métalliques, ils se plient à toutes les métamorphoses.
Suspendu, le Mobile du musée de Grenoble est constitué d’une armature en fer constellée de pièces métalliques peintes, rondes et angulaires. Avec ses formes organiques rouges, bleues et noires, il affiche clairement ses sources : les Constellations de Miró, la joliesse de Hans Arp ou encore le répertoire coloré du néoplasticisme. Alliant la science de l’ingénieur à celle du poète, Mobile est mu par un subtil équilibre entre une partie horizontale et une partie verticale, équilibre fragile que l’action de l’air vient soudain rompre, évoquant le frémissement du vent dans les feuillages ou quelque univers cosmique en perpétuelle transformation. Si Marcel Duchamp voyait ironiquement en Calder un maître dans « le traitement de la gravité », c’est que, par-delà le jeu et la grâce, l’artiste savait faire de ses Mobiles les symboles des vicissitudes de l’existence, des hasards de la vie même.

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