Mobile

Ingénieur mécanicien formé au Stevens Institute of
Technology de Hoboken (New Jersey), Alexander
Calder décide de se consacrer à l’art en 1923
et s’inscrit à l’Art Student League de New York.
Issu d’une famille de sculpteurs qui l’encourage
très tôt à exploiter ses talents manuels, le
jeune homme se démarque d’emblée par son
étonnant pragmatisme et sa vision poétique
et anticonformiste de l’existence. Fruit de ses
pérégrinations, ses premières créations sont des
croquis d’animaux où l’on décèle déjà l’ingénuité
et la précision qui caractériseront l’œuvre future.
« Roi du fil de fer et de la ficelle » (Gabrielle Buffet-
Picabia), l’artiste s’impose sur la scène artistique
parisienne en 1926 par la conception de jouets
et de personnages en fil de fer – dont la célèbre
Joséphine Baker (vers 1928) – et plus encore par
la création de son Cirque animé (1926-1931),
condensé d’imagination et de rêverie. La visite
de l’atelier de Mondrian en 1931 joue comme un
déclencheur sur sa production, l’ouvrant autant
à l’abstraction qu’à une conception totale et
spatiale de l’art. Rompu par sa double formation
aux lois de la physique, Calder invente en 1933
le Mobile – l’appellation est de Duchamp –, qui
vient révolutionner l’art de la sculpture, puis, en
1937, son pendant, le Stabile. Après les premières
tentatives de Kobro, de Duchamp et de Man Ray,
le mouvement réel anime les deux mille mobiles
produits par Calder tout au long de sa carrière.
Poétiques, parfois motorisés, constitués de sphères
de bois d’abord puis d’éléments métalliques, ils se
plient à toutes les métamorphoses.
Suspendu, le Mobile du musée de Grenoble est
constitué d’une armature en fer constellée de
pièces métalliques peintes, rondes et angulaires.
Avec ses formes organiques rouges, bleues et
noires, il affiche clairement ses sources : les
Constellations de Miró, la joliesse de Hans Arp ou
encore le répertoire coloré du néoplasticisme.
Alliant la science de l’ingénieur à celle du poète,
Mobile est mu par un subtil équilibre entre
une partie horizontale et une partie verticale,
équilibre fragile que l’action de l’air vient soudain
rompre, évoquant le frémissement du vent dans
les feuillages ou quelque univers cosmique en
perpétuelle transformation. Si Marcel Duchamp
voyait ironiquement en Calder un maître dans
« le traitement de la gravité », c’est que, par-delà
le jeu et la grâce, l’artiste savait faire de ses Mobiles les symboles des vicissitudes de l’existence, des
hasards de la vie même.
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