Ikaraundi

Eduardo CHILLIDA
1957
37,5 x 153,5 x 72,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Maeght en 1968

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Déçu de l’enseignement de l’architecture à Madrid, Eduardo Chillida abandonne ses études et s’installe en 1947 à Paris pour se consacrer à la sculpture. Il visite le Louvre, où il est fasciné par la statuaire grecque archaïque et l’art des Cyclades, et rencontre Ellsworth Kelly et Brancusi, dont il découvre l’atelier. Ressentant le besoin de se confronter physiquement à la résistance d’un matériau, il commence à tailler le plâtre puis la pierre et crée des sculptures inspirées de la figure humaine, torses et bustes. Cependant, les volumes fermés ne le satisfont pas. En 1951, il décide de rentrer définitivement au Pays basque et de faire table rase de tout ce qu’il a appris. C’est là qu’il découvre, derrière chez lui, la forge de Manuel Illaramendi. Pour Chillida, c’est une révélation ; cet artisanat ancestral lui permet de libérer l’espace enfermé dans la matière. Il réalise sa première sculpture en fer forgé, Ilarik, une œuvre abstraite où deux formes s’encastrent et s’équilibrent grâce au vide qui les sépare. S’élabore ainsi le langage que l’artiste déclinera dans l’acier, le bois, l’albâtre ou sur le papier : des compositions linéaires qui génèrent des volumes ouverts, et dont il dira : « J’aime le net et le découpé, avec des écarts, des retournements qui créent la distance, provoquent ces silences ou ces vides, comme on voudra, où la forme peut vibrer. »
Ikaraundi appartient à une série commencée en 1955 avec Fers de tremblement. L’artiste découpe une plaque de fer épaisse (l’œuvre de Grenoble en est un tirage en bronze) qu’il tord et étire dans un mouvement de spirale suivant un axe horizontal, l’œuvre pouvant être posée sur un socle ou sur le sol indifféremment d’un côté ou de l’autre. Chillida construit le volume en exerçant une force sur le métal. La sculpture en est la trace dans l’espace, comme l’écriture d’une vibration qui s’est propagée par poussées, plissements et ruptures jusqu’à soulever la matière. Pour l’artiste, « sculpture et musique ont le même espace ». Ikaraundi résonne comme un chant rythmé qui fait exister le silence.

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