Espace-temps

Etienne BÉÖTHY (Istvan BÉÖTHY, dit)
1935
95,3 x 16,4 x 7,6 cm
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1958

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À l’instar de nombreux artistes de sa génération fascinés par l’objectivité des sciences, Étienne Béothy voulut asseoir la création plastique sur des bases rationnelles et absolues. Dès 1919, il conçoit et applique pour la première fois « La Série d’or », théorie mathématique des proportions qu’il publiera en 1939, à un projet de monument constructiviste (Hiérarchie, opus A, musée de Grenoble). Il est alors élève à l’École des beaux-arts de Budapest, dans la section architecture, et suit parallèlement des cours de mathématiques ; l’année suivante il s’oriente vers la sculpture. Après avoir parcouru l’Europe une année durant, il s’installe définitivement à Paris en 1925 et cofonde en 1931 le groupe Abstraction-Création. Il s’est alors éloigné des théories constructivistes pour s’intéresser à l’étude de la morphologie et du déplacement d’un corps dans des sculptures presque abstraites qu’il nomme Méta-plastiques ou Paraboles. Puis vient, dans les années 30, la période de maturité avec les Rythmes-plastiques qui traduisent l’idée d’harmonie universelle reposant sur la « divine proportion » du nombre d’or. Les qualités biomorphiques de ses œuvres sont inspirées de Maillol puis d’Archipenko et de Brancusi dont il fréquente les ateliers. C’est ce dernier qui le guide dans le choix de matériaux nobles comme le bois ou le bronze poli. Peu à peu, l’art de Béothy évolue vers une simplification des volumes jusqu’à l’expression d’un pur mouvement dans l’espace. Espace-temps en est l’un des plus beaux exemples. Dans un premier temps l’artiste part d’une intuition esthétique et de l’esquisse spontanée d’un mouvement existant dans la nature pour ensuite le fixer de manière rigoureuse à partir de calculs mathématiques. Le déploiement ascendant est basé sur une progression arithmétique qui confère à l’œuvre la perfection de l’ondulation « d’une flamme immobile », comme l’écrira Michel Seuphor. La ligne serpentine semble condensée et repliée dans le socle, en bronze lui aussi, pour s’élancer avec fluidité vers le ciel. Les reflets de lumière et de l’environnement sur le métal poli accentuent l’impression d’élan souple et naturel. Le sculpteur, qui voulait « rendre vivante la matière inerte et statique », parvient de façon remarquable à incarner l’essence du mouvement dans le bronze. L’œuvre d’Étienne Béothy est représentée au musée par un ensemble exemplaire de sculptures, peintures et dessins grâce à une donation effectuée en 1987 par les filles de l’artiste.

Un autre regard

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