Homme à l'orange

André MASSON
1923
81,5 x 54 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la Galerie Louise Leiris en 1951
Localisation :
SA36 - Salle 36

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Cubiste à ses débuts, l’œuvre protéiforme d’André Masson s’est en grande partie élaborée au sein du mouvement surréaliste, qu’il enrichit dès l’origine de sa vision très personnelle, plus abstraite et violente et moins littéraire que les univers de Magritte, Tanguy ou Dalí. Inventeur à la fin de l’année 1923 des dessins automatiques, qui sont l’équivalent pictural de l’écriture sans contrôle conscient de la pensée telle que la concevait André Breton, Masson a souvent introduit dans le domaine artistique des procédés nouveaux, comme les « tableaux de sable » où une toile badigeonnée de colle est ensuite recouverte de sables de différentes grosseurs et couleurs. Faisant intervenir le hasard dans la création picturale, Masson aboutit à une œuvre tantôt abstraite, tantôt figurative, où se retrouvent comme constante la frénésie du geste et un symbolisme puissant teinté d’érotisme et de violence. L’Homme à l’orange de 1923 appartient à la première phase de sa production artistique qui précède de peu la rencontre avec le groupe surréaliste. Empruntant son langage pictural au cubisme analytique, ce tableau est le premier d’une série d’autoportraits peints durant deux années, où un personnage central s’entoure de fruits, d’objets chargés de sens et traités dans l’esprit des natures mortes symboliques du XVIIe siècle. L’image que l’artiste nous propose de lui-même, frontale, le regard aveugle, est plus un autoportrait allégorique que psychologique. L’homme tient dans sa main une orange, qui occupe rigoureusement le centre de la composition. Fruit dont la rondeur fait écho à la forme des quatre sphères célestes qui s’échappent mystérieusement de la tempe de l’homme, l’orange évoque la Terre, mais est aussi un symbole évident de fécondité. Au premier plan, les cartes, le couteau, la miche de pain, disposés dans une perspective rabattue chère au cubisme, appartiennent pour leur part au vocabulaire de l’artiste dans cette période. « Le couteau immobilisé sur les tables cubistes sera enfin saisi », avait annoncé Masson, marquant ainsi clairement son intention de nourrir cette iconographie, devenue presque banale à force de répétition, d’une charge de violence.

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