Sept femmes

Jules PASCIN (Julius Mordecai PINCAS, dit)
1923
73 x 59,7 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don d'Hermine David et Lucy Krohg en 1937
Localisation :
SA33 - Salle 33

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Dessinateur précoce, Pascin séjourne à Budapest, Vienne, Munich et Berlin, avant de s’installer à Paris en 1905. Il fréquente les académies de Montparnasse et devient l’une des figures les plus originales de l’École de Paris. Il participe au Salon d’Automne, expose à Berlin, à Cologne et, en 1913, à l’Armory Show à New York. Pendant la guerre, il vit aux États-Unis et effectue plusieurs voyages à Cuba. De retour en France en 1920, Pascin entame dix années de création acharnée et, durant cette période des Années folles, mène une vie de bohème et de libertinage, sous l’emprise de l’alcool et de la drogue qui le conduiront au suicide. Dans ses dessins comme dans ses peintures, les femmes constituent le sujet de prédilection de l’artiste. Modèles professionnels ou non, elles posent dans des maisons closes ou dans l’atelier. Ces scènes érotiques reflètent le monde des déshérités et des marginaux que Pascin dévoile dans Sept femmes à travers la lourdeur des corps, les attitudes impudiques et passives des prostituées. Vues en plongée, celles-ci évoluent dans une sorte d’apesanteur, sans perspective ni profondeur de champ perceptibles. Seule leur taille indique, de façon aléatoire, la distance qui les sépare les unes des autres. Au sein d’un espace rendu flou et dépourvu de tout décor, les femmes occupent une place de choix, en particulier les deux qui, vues de dos, se retournent vers le spectateur. Leurs chairs nacrées, mêlées de blanc, contrastent avec la pénombre de l’environnement. Ce clair-obscur met en valeur la nudité des corps, la douceur satinée de la peau et la sensualité naturelle de la pose. La peinture est proche du dessin. Pascin travaille avec des pinceaux presque secs, à l’aide d’une matière très diluée qu’il utilise comme un frottis. Cette technique, qui procure la même fluidité et vitesse d’exécution que l’aquarelle, lui permet de restituer au plus juste postures et expressions saisies sur le vif. Au-delà des corps, observés et décrits avec une rare acuité, transparaît le monde intérieur de ces êtres qui, malgré leur présence au sein d’un groupe, expriment une profonde solitude.

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